Penélope Cruz est sublime. Fin de l'histoire...
L'affiche du film est symbolique, les noms des 5 mastodontes d'Hollywood bénéficient d'une plus grosse visibilité que le propre titre du film... Choix commercial compréhensible, mais terriblement évocateur.
Je suis loin d'avoir détesté ce film, mais je ne pourrais certainement pas dire que je l'ai apprécié... Comme c'est malheureusement souvent le cas avec les films à (très) gros casting, le scénario passe complètement au second plan en étant la majeure partie du temps joliment maquillé par une réalisation classieuse et une image mettant tout aussi agréablement le charisme des acteurs en valeur.
Malgré donc cette photographie inspirée, le film tarde énormément à démarrer et on commence seulement à saisir les enjeux du scénario au bout de 45 minutes, si ce n'est plus. A vrai dire, j'ai jamais réellement compris où Scott voulait en venir, une désagréable impression de mélange de styles sans vraiment maîtriser la substance de son contenu.
Preuve en est avec ces dialogues s'éternisant dans la mauvaise direction, préférant encore une fois servir le talent des acteurs plutôt que l'histoire. On peut toutefois ne pas remettre en question l'écriture, le talent est également là mais je me suis sans cesse fait la même réflexion, me demandant à chaque scène pourquoi tant de logorrhée ayant une portée trop souvent superficielle.
On retrouve pourtant la brillante patte Cormac McCarthy qu'on avait déjà pu apprécier dans le téléfilm produit par HBO, " The Sunset Limited " avec Tommy Lee Jones et Sam L Jackson, le même flot de dialogues mais visiblement, un résultat somme toute différent.
Autre interrogation avec certaines scènes, l'intro est certainement la plus marquante du film, esthétiquement c'est très léché (sans mauvais jeu de mots) mais c'est plus le mal-aise qui prédomine tout en évitant malgré tout, toutes formes de vulgarité.
Contrairement à d'autres, notamment celle avec Cameron Diaz, plutôt crédible mais insupportable de vulgarité, se frottant langoureusement sur le pare-brise d'une Ferrari, tout cela sous les yeux éberlués d'un Javier Bardem visiblement pas au courant que son rôle dans Skyfall était terminé, tant le cabotinage est de mise... Une séquence qui peut faire rire, elle n'est surement pas là que pour cela d'ailleurs, il doit surement y avoir une raison bien plus pertinente et instructive mais personnellement, cela m'échappe totalement, s'apparentant plus à du mauvais Tarantino plus qu'autre chose.
Heureusement, le négatif est loin d'être omniprésent, la scène de la discussion entre Fassbender et le diamantaire se révèlent être une vraie réussite, une jolie métaphore pleine de subtilités.
En vérité, si l'on devait prendre chaque scène une par une, je serais certainement beaucoup plus enthousiaste, le problème se situe plus au niveau des liaisons, des accroches censées donner un minimum de percussion à l'histoire, qui reste beaucoup trop en surface, contemplant les numéros de solistes de chaque acteur.
Le meilleur exemple est Brad Pitt, encore une fois exceptionnel de classe (même en ayant le coupe de Manu Petit) mais restant complètement en dehors des considérations de l'histoire et plus spécifiquement au personnage de Michael Fassbender, un avocat qui semble au départ maîtriser les événements se déroulant autour de lui mais qui progressivement, va perdre totalement pied en connaissant une tragique descente aux enfers...
Un rôle encore une fois sur-mesure pour le gros chouchou des studios, se débrouillant il faut le dire, comme un chef.
C'est donc un 6 sans grande conviction, surement dû à la grande estime que j'ai pour ce réalisateur qui enchaîne donc, après Prometheus, un film alternant le chaud et le froid.
J'ai envie de lui faire le même reproche que j'ai fait à The Grandmaster de WKW, le montage est beaucoup trop approximatif avec ce découpage narratif presque brutal et la réussite visuelle qui transpire de certains plans ne peut pas donner cet intérêt qui rendrait ce film beaucoup moins bancal...
Visuellement très intéressant, scénaristiquement proche de la flemmardise artistique, Cartel peut éventuellement se laisser apprécier pour le plaisir que l'on prend à admirer ces stars débitées des dialogues inspirés où encore peut être lors d'un second visionnage qui éclaircirait certaines zones nébuleuses mais franchement, j'attendais un peu plus d'un tel projet.
Surtout les trafics de drogues à la frontière mexicaine complètement sous-exploités, problématique pour un film ayant ce titre-là même si, je vous l'accorde, Ridley Scott n'est pas responsable des traductions françaises foireuses.
Les fans de Breaking Bad apprécieront tout particulièrement un certain guest dont je tairai le nom, qui, décidément, à du mal à quitter cet univers impitoyable...
PS : si ce sujet vous intéresse et si comme moi, ce Cartel fût en deçà de vos attentes, je vous conseille vivement La Griffe du Chien, un livre de Don Winslow, écrit avec la plus grande méticulosité.
Aucun risque d'être déçu cette fois...