On ne le répètera jamais assez : Will Ferrell est sous-estimé. Du moins en France où ses films font généralement de sacrés flops ou ne sont adulés que par une minorité de fans hardcore. Aussi, entre ses films toujours inédits et ses multiples cameos, on comprendra pourquoi certains films atterrissent chez nous directement en DVD à l'instar de ce Casa de Mi Padre incroyablement décalé. Et pour cause : le film est une parodie des telenovelas (sortes de soaps hispaniques) dont la particularité est qu'il est intégralement tourné en espagnol. Difficile de passer ça en salles et on se demande même comment les distributeurs vont faire passer ça...
Réalisé par un vieil ami de Ferrell dont c'est ici le premier long-métrage, Casa de Mi Padre n'a absolument rien d'original en soi avec son scénario cousu de fil blanc et ses personnages presque caricaturaux. Mais c'est justement dans cette forme moqueuse voire grossière que le film va s'avérer jubilatoire ! Tout est exagéré, de la personnalité des personnages ibériques, riant à pleins poumons et roulant sans cesse des cigarettes artisanales, aux décors factices et aux situations très souvent mal jouées. On prend donc un malin plaisir à s'égosiller devant une foule de séquences toutes plus ridicules les unes que les autres et surtout devant un Will Ferrell comme un poisson dans l'eau dans la peau de ce fermier un brin bêta qui va s'improviser héros face à de méchants trafiquants de drogue.
Au-delà de tout ça, il y a une mise en scène parfaitement déjantée, mélange d'humour débile et de subtilités anglaises (aaah les scènes qui durent, qui durent), le tout saupoudré de détails volontairement cheap comme les animaux généralement en peluche, les incrustations laborieuses ou encore un quartier urbain tout en miniatures ringardes. Partiellement semé de passages ratés (la bobine qui saute, l'équipe technique clairement visible à travers les lunettes de soleil...) et doté d'un ton moqueur omniprésent, Casa de Mi Padre est un OFNI délectable et original et l'un des meilleurs rôles de composition de Will Ferrell, ici parfait en ranchero mexicain aux côtés de Diego Luna, Pedro Armendáriz Jr. et surtout Gael García Bernal en méchant caricatural des plus merveilleux.