Oued Side Story
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le 28 mai 2014
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L’âge d’or d’Hollywood… une période du cinéma qui m’a toujours intrigué. Car en fin de compte, c’est vraiment dans cette période où je retrouve ce que j’aime dans le cinéma, des scénarios foutrement bien écrits, des intrigues passionnantes, des personnages extrêmement bien construits et de nombreux symboles nettement mieux amenés qu’aujourd’hui. A cela, on pourra dire que c’est un âge où s’est enchaîné pas mal de chef d’œuvre faisant encore parti des meilleurs films d’après de nombreuses critiques : Autant on Emporte le Vent, Citizen Kane et aussi Casablanca.
En réalité, c’est un film que j’ai dans ma collec (le coffret Warner Bros Classique) et je l’avais vu, et puis je l’ai oublié. Probablement parce que j’étais trop jeune où pas assez cultivé dans le domaine du cinéma, Casablanca n’était pour moi qu’une histoire d’amour pour le coup très bien amenée sans rien de plus. Et j’ai un peu honte d’être passé à côté de tout le génie de cette œuvre. Mais à vrai dire, il aura fallu que je sois obligé de faire une dissertation sur un héros de film pour que je m’y penche vraiment. Ainsi, à la rechercher d’un héros du cinéma qui vaille vraiment le coup d’être étudié (et ça m’a pris deux semaines), je suis enfin tombé sur le héros qu’il me fallait, Rick Blaine (interprété avec charisme par Humphrey Bogart). Mais les souvenirs de me venaient plus, et à force de lire des critiques et des analyses, j’ai fini par ressortir le disque de sa jaquette et l’insérer dans mon lecteur blu-ray. Et la révélation a eu lieu.
Ainsi, je savais à l’avance ce que j’allais voir : un film clairement engagé contre le nazisme et pour la liberté, faisant passer les USA comme un paradis de liberté, où tout le monde est heureux, tandis que c’est l’enfer en Europe. Bref, un truc bien Hollywoodien ! Mais je savais aussi que j’allais me retrouver face à un traitement de personnage incroyablement bien maîtrisé. En réalité, ce visionnage m’a simplement servi à me rendre compte à quel point ce film est maîtrisé de bout en bout.
Et là, l’idiot de dix-sept que je suis va tout de suite vous calmer, je ne suis pas en adoration pour ce film. J’ai d’ailleurs à peu près le même ressenti que lors de mon premier visionnage, un film qui souffre de longueurs. Est-ce que pour autant le film a mal vieilli ? Non. Je dirai même qu’il a encore mieux vieilli que Citizen Kane, qui est pour moi, le meilleur film de cette génération (suivant naïvement les adorateurs, mais j’y peux rien, c’est un chef d’œuvre). En réalité, la seule raison pour laquelle je suis moins fan de Casabanca, c’est tout simplement parce que je ne fais pas parti du public visé. C’est vrai ça, je suis un cinéphile de dix-sept ans amoureux fou de Spiderman et Terminator qui adore regarder des thrillers et qui n’a aucune âme patriotique. Pourquoi j’irai regarder un film d’amour qui plus est, fait office de propagande au rêve américain ? Parce que je m’essaie un peu à tout.
Mais il n’empêche que malgré le fait que je ne fasse pas parti du public visé, je ne peux pas nier les nombreuses qualités de Casablanca qui en font encore aujourd’hui, l’un des meilleurs films de tous les temps d’après pas mal de critiques. Ainsi, je vais m’étendre un peu sur l’écriture de Rick Blaine, aussi pertinente et bien foutu que celle de Daniel Plainview ou Walter White à l’exception près, qu’il n’est pas un anti-héros. Au contraire, Rick à tout pour être un héros de film. C’est simplement qu’on nous le présente comme un être égoïste et peu soucieux des conflits mondiaux mais qui garde une certaine morale en déchirant tous les chèques qu’il reçoit des allemands. Et puis, tout va basculer. On découvre par la suite, qu’il se battait pour des causes nobles, qu’il a aimé une femme, mais dont la brusque séparation à fait de lui l’homme solitaire qu’il est aujourd’hui. Et bien ça peut paraître simpliste, mais c’est tellement logique et bien amené que je ne peux que me prosterner devant le génie de narration de Michael Curtiz ! Tout cela pour nous montrer la véritable nature d’un héros, quelqu’un qui surmonte les épreuves. Vive l’Amérique !
Mais il ne faut pas oublier ce qui fait le charme de ce film, sa dimension politique. Sorti en 1943, dans quel contexte est sorti ce film ? Pendant l’occupation allemande en France ! Bravo ! Et bien ouah, on pourra dire ce qu’on veut, mais ce film crache au visage des nazis sans se le cacher. Et c’est ça qui rend ce film spectaculaire, c’est qu’il a osé démonter toute crédibilité aux nazis. Le seul mort à l’écran, est un nazi, l’hymne français résonne plus fort que celui des nazis, bref, Hitler a dû mal le sentir celui-là. Et même dans la mise en scène, tout est contre nazisme (et Vichy aussi, comme quand Renault jette la bouteille avec marqué « Vichy » à la poubelle). Et ça peut paraître cliché à certains moments, mais c’est tellement bien amené, que je ne peux dire que bravo ! Du début à la fin, le film est un condensé de messages honorables.
Donc Casablanca, j’ai beau ne pas être fan, m’ennuyé un peu devant, je ne le renie pas ! C’est un grand film qui mérite son statut de chef d’œuvre intemporel ! Bref, du grand art !
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Créée
le 8 oct. 2016
Critique lue 335 fois
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