…depuis longtemps. Je voulais dire le meilleur Scorsese que j’ai vu depuis longtemps. Je rectifie vite, parce que les fans du maître risquent de se précipiter sur moi, pour me pendre haut et court par les orteils et me fesser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Je dis meilleur parce qu’il y a dans ce film tous les éléments d’une concrétisation artistique. La bande son de Mean Streets, le scénario des Affranchis en mieux écrit, en plus brillant, et le montage virtuose de Raging Bull. C’est déjà pas mal. Ça commence fort, par un coup de tonnerre ! La passion selon saint Matthieu de Bach. Robert De Niro sort d’un immeuble, et je ne dis plus rien…ceux qui ont déjà vus le film comprendront. Intro géniale! Un des plus beaux génériques que j’ai vus, (et j’en ai vus), capable de faire de la concurrence à David Fincher, maître en matière de génériques et d’introductions alléchantes. Ensuite on est embarqué dans une histoire complexe de business, d’argent, de jeu, de gangsters, (évidemment), et ça se passe à Las Vegas, la ville du péché. Le plus du plus, c’est que Scorsese ne se contente pas de se vautrer dans le glauque et le côté obscur ou la violence gratuite. Ici, le côté obscur est une autre face d’une pièce de money, qui s’appelle Las Vegas. Les gangsters sont moins importants que la ville elle-même. Une ville où seul l’argent compte, propre, sale, qu’importe et c’est à qui va flamber le plus. Sharon Stone, pute flambeuse, De Niro, ancien joueur qui essaie de s’acheter une virginité en créant une émission de télé, (échec assuré), Joe Pesci qui veut sa part du gâteau; l’État fédéral et la mafia qui tirent les ficelles et comptent les points. C’est à qui flambe le plus. C’est de la création de Las Végas, la ville du rêve, où les voyous vont tous se brûler les ailes sous l’œil brûlant du soleil brûlant, et certains finiront enterrés quelque part dans le désert. C’est ce dont il est question ici. Les amitiés qui se défont au gré des fortunes, ou infortunes, des amours intéressés, des jalousies. Et soudain je vois et j’entends la meilleure utilisation du mythologique Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Wagner, transformé en disco, lors de l’ouverture d’un casino de plus dans la cité du jeu. Avec un jeu de lumière kitsch qui n’a rien à envier à Stars Wars, qui éclaire un pharaon en stuc et en toc paré pour le show. Il y a un clin d’œil malin à Kubrick dans la cité du vice. Las Vegas recycle tout. L’histoire, la musique sacré, le cinéma et même le film de gangsters. Tout est faux, l’important c’est que le client y croit, et qu’il joue pour perdre; et le futur client c’est nous.
La mise en scène est musclée, on tourne comme dans une valse folle, la caméra plane comme un joueur ivre, et autour d’une table de jeu, les tricheurs seront sévèrement punis, parce que c’est toujours la banque qui gagne, toujours. La règle restera, immuable. Le client dépense sa tune, et le propriétaire du casino s’enrichit. Et il ne faut surtout pas chercher à savoir pourquoi il y a des mallettes pleines (de billets), qui partent par la porte de derrière. Chercher à savoir ça, se sera mettre sa vie et sa famille en danger. Par la porte de derrière, les valises se font la malle, et la banque gagne à tous les coups. Coups de sang, coup de bluff, meurtres et autres "goodies". Bienvenue au casino!