Après avoir misé sur Les Affranchis, Martin Scorsese relançait avec Casino...
Le réalisateur américain retourne d'abord le roi de coeur, Robert De Niro, et découvre sa reine, Sharon Stone. Sur le board, encore le roi de pique (Joe Pesci), celui de trèfle (James Woods), et le valet à carreau (Don Rickles). Un brelan avec kicker dame c'est pas mal... Y a moyen de moyenner même si les autres semblent aussi avoir du jeu. Faudra juste faire gaffe à ne pas sauter avec ce roi...
Dix ans plus tôt, dans les années 70, une voix-off très présente, mais étonnamment efficace, nous narre l'arrivée de Sam Rothstein à la tête d'un grand casino de Las Vegas, Le Tangiers. Installé par la pègre de Chicago, Sam n'a pas de licence mais qu'importe, en se débrouillant bien, on ne l'embêtera pas avant 30 ans. Une affaire qui roule, l'argent qui coule à flots, tout va pour le mieux dans le voleur des mondes jusqu'à ce que son ami d'enfance, Nicky Santoro, débarque. Sam ne le sent pas trop mais ne peut repousser son pote un poil soupe au lait et castagneur... Lui aussi nous gratifiera de sa voix-off. Deux points de vue complémentaires que certains trouveront peut-être un peu verbeux, mais il y a tellement de choses à dire sur le fonctionnement d'un casino, sur son système corrompu jusqu'à la moelle et ses relations humaines, qu'il fallait au moins ça !
Sam donc, toujours classieusement sapé ton sur ton, s'entichera d'une sublime poule de très grand luxe, maîtrisant parfaitement le "code de la pute" selon ses dires, mais qu'il finira par épouser quand même et à qui il fera une petite fille. Sauf que la miss, pas vraiment amoureuse et ne s'en étant jamais vraiment cachée, finira par se rappeler au bon souvenir de son ex-maquereau... Mais Sam, complètement accro à la belle et malgré son besoin de tout maîtriser, lui avait déjà fait une totale confiance à la faveur de leur mariage, mettant d'abord à sa disposition, mais surtout à sa connaissance, une clé ouvrant un coffre de banque avec une petite fortune dedans. Evidemment, les choses finiront par tourner au vinaigre entre ces personnages instables et leurs ambitions grandissantes, avec un FBI et des flics un peu perdus au milieu...
Plus prosaïquement, les trois heures de Casino n'ont aucun mal à passer, et en particulier leurs extrémités, grâce en partie à un montage excellent lui conférant le rythme nécessaire. Les acteurs y sont évidemment pour quelque chose, mais de ce côté-là non plus, pas de surprise. Pas plus que pour le choix de certains éclairages du type Les Feux de l'Amour et de couleurs chatoyantes, bien évidemment dans le ton bling-bling du lieu concerné que, finalement, j'aurais peut-être préféré voir plus développé dans la seconde moitié du film. Car effectivement, plus de jeu et d'intrigues autour des différentes tables ou bandits manchots n'auraient pas été un mal d'après moi. En revanche, les quelques séquences "hardcore", même si peu nombreuses sur trois heures, s'avèrent très efficaces et mémorables. Et on a même droit à une scène bien cocasse et décalée du patron dans son bureau.
Du pur divertissement parfaitement maîtrisé donc, même si l'originalité fait certainement défaut. Quoi qu'il en soit, voir ce château de cartes avec à sa tête de vieux croulants faussement intubés finalement s'écrouler, et à partir de pas grand-chose, provoque toujours autant de plaisir. Avec en plus cette petite touche finale de nostalgie inhérente à l'idéologie familiale et à ses pistons.
Classique mais efficace.
8,5/10