Joyeux Bordel
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critique écrite le 2 décembre 2020
Lorsque le producteur Charles K. Feldman (à qui l'on devait Sept ans de réflexion et Quoi de neuf Pussycat?) acheta les droits de "Casino Royale", premier roman de Ian Fleming avec son héros James Bond, son auteur était alors un parfait inconnu. Le temps passa, on connait la suite. Ce film se ramasse des notes diverses avec pas mal de notes basses, mais j'ai quand même vu chez mes éclaireurs des 7 et des 8, ça fait plaisir. Non pas que je veuille absolument défendre ce film, mais comme souvent, je trouve ce bashing insensé et injustifié. Essayons d'y voir clair.
Ce qui est intéressant, c'est que le film offre une variation autour du mythe James Bond, avec de gros moyens (co-production anglo-américaine), dont le casting montre que Feldman n'a pas lésiné, sans compter les 4 réalisateurs qui eux sont peut-être de trop, j'y reviendrai. Chez les acteurs, la perspective de s'amuser follement et de se moquer gentiment des James Bond en 1967, époque où la franchise de Brocolli et Saltzman cassait la baraque, a pu les motiver et les enchanter.
Il est vrai qu'en 1967, transformer l'univers bondien en comédie loufoque et burlesque était un peu risqué, mais le résultat partage les fans ; et pourtant je suis un fan fou de la franchise, mais j'aime bien cette vision parodique, ça ne m'a pas du tout dérangé de voir cette superproduction qui ne se prend absolument pas au sérieux, c'est tout l'intérêt de la chose, le décalage est total, c'est une sorte de parodie assez folle du film d'espionnage, versant dans un burlesque assumé avec une ironie mordante par endroits et un côté nonsensique ; le scénario est incompréhensible, et à la limite on s'en fout car il délaisse complètement le roman de base, tout est prétexte à effets, gags et situations délirantes, avec des dialogues à la Marx Brothers, des private jokes, des clins d'oeil pour cinéphiles, des apparitions incongrues (comme celle de Belmondo, qui à l'époque était en couple avec Ursula Andress, ou celle de Peter O'Toole), bref plein de trucs qui donnent un film certes un peu bordélique mais totalement jubilatoire, sans compter la bagarre finale où déboulent cowboys, Indiens et légionnaires... le tout sur les mélopées de Burt Bacharach, le roi de la pop sixties.
Les 4 réalisateurs ont des styles très disparates, Huston joue un petit rôle tout en dirigeant des scènes où l'on ne reconnait que peu son style, il a sans doute eu envie de s'amuser avec une mise en scène pas sérieuse ; à la rigueur, je crois qu'un seul réalisateur aurait suffi, chacun a écrit ou dirigé ses scènes dans son coin, ce qui a pu handicaper un peu le film au niveau rythme et fluidité ; je crois même que Woody Allen qui joue le jeune frère dérangé de James Bond, a trempé dans le scénario, d'où ce côté loufoque. Les acteurs ont dû bien s'amuser, on retrouve en clin d'oeil Ursula Andress qui reste à jamais la première Bond girl dans Dr No, un Peter Sellers malicieux, un Orson Welles en méchant de carnaval, un escadron de beautés fatales dans des rôles secondaires (Joanna Pettet, Daliah Lavi, Barbara Bouchet, Jacqueline Bisset...), et un David Niven très à laise dans ce rôle d'un Bond à la retraite, j'ai toujours aimé cet acteur qui donnait une classe folle à ses personnages, c'est le cas ici, malgré ses airs ahuris.
Voila donc un film inracontable, une parodie atypique et foldingue, une vraie curiosité qui permet de passer un bon moment malgré ses défauts, avec en prime un amusant générique animé dans le style de Saül Bass.
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Créée
le 9 oct. 2022
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