Pourquoi CASINO ROYALE est le "James Bond" le plus revigorant ?

La série historique est donc terminée.

Mais la production veut continuer à exploiter le filon qu'elle sait encore juteux, d'autant plus qu'elle a enfin récupéré les droits d'adaptation du tout premier "James Bond" écrit par Ian Fleming. Ce premier "Bond" devient donc très logiquement le premier d'une nouvelle série avec un nouvel interprète qui sera l'un des plus proches de celui décrit par son créateur. De l'ancienne série n'est restée que Judi Dench, toujours aussi excellente en M.

Pour le reste, table rase a été faite du passé. Bond vient tout juste d'obtenir son permis de tuer et débute sa carrière d'agent secret. Tout est à créer dans ce nouveau départ, et les ingrédients classiques qui ont toujours servi à identifier la série vont se mettre en place petit à petit.

Martin Campbell, qui avait également inauguré la période Pierce Brosnan, n'y va cette fois-ci plus à la truelle pour nous fourguer son cahier des charges.

Finis donc les gadgets débiles présentés par un Q de plus en plus sénile ou pythonesque, fini d'entendre "Bond, James Bond" à longueur de films (un agent secret qui passe son temps à dire son nom, c'est franchement crétin), fini de voir un bellâtre se pavaner en smoking et crâner dans des coquetèles mondains, etc... On oublie tous les stéréotypes et on passe à autre chose. C'est-à-dire à un agent secret froid et violent. Un agent qui est plein de défauts - donc humain (on n'est heureusement plus chez les superhéros à qui rien ne peut arriver - Moore, Brosnan), il a peu d'humour, il n'est pas beau mais a beaucoup de charisme. Mais surtout, il est là pour remplir sa mission. Point. Ceux qui veulent qu'on leur servent mille succédanés de L'Espion qui m'aimait en seront pour leur frais, et bien tant pis. Ce temps-là est enfin révolu. Il était grand temps.

C'est aussi la première fois depuis Au service secret de Sa Majesté (1969) que Bond connaît une tragédie personnelle ; ce qui renforce encore son humanité. Vesper Lynd (Eva Green) marque d'ailleurs beaucoup les esprits au même titre que Le Chiffre (Mads Mikkelsen) qui impressionne presque autant que Robert Davi dans Permis de tuer.

Avec Casino Royale, "James Bond" s'est refait une santé et revient fort dans la course des films d'action qui en valent la peine, alors qu'il avait été distancé depuis longtemps dans le genre qu'il a créé. On y trouvera tout de même quelques défauts (la longueur exagérée des bagarres/poursuites - le "Donkey Kong" du début finit par soûler), mais rien n'est à ce point décevant qui puisse réduire la qualité de ce très bon épisode inaugurant la nouvelle série à suivre.