Les studios Walt Disney ont cette capacité à déconcerter le public, même leurs habitués et fervents défenseurs dont je fait partie. Avec Casse-Noisette et les quatre royaumes, une création originale, ni un remake du studio mais juste une adaptation du conte et du ballet, Disney s'enlise dans un déferlement de mauvais goût.
Le constat est assez rageant, pas décevant car cette histoire ne me passionne pas à la base hormis les musiques issues du ballet. Là où il était malgré tout plaisant de voir Disney revenir à une création originale et féérique, on en ressort frustré par bon nombres de choix fait dans la production (assez chaotique apparemment) du long-métrage. Si Tomorrowland de Brad Bird avait de quoi déboussoler un peu au premier visionnage, le film s'avère être riche et ambitieux, et il en avait surtout les moyens. Je n'ai pas vu Un raccourci dans le temps mais il semblerait que tous ces films ont quelque chose en commun : leur bide au box-office, là où les remakes fonctionnent. Certes Casse-Noisette a eu plus de chance que ses deux prédécesseurs, se contentant d'un score timide qui néanmoins remboursait le budget de production.
Pour le coup difficile ici d'y voir une pépite injustement boudée par le public. Le long-métrage est poussif dans ses thématiques, parfois même assez limite dans le fond avec notamment cette référence à la mère qui préfère l'un de ses enfants plutôt qu'un autre. L'écriture tient sur un ticket de caisse, car tout est très prévisible mais en plus de cela ce n'est même pas malin. Tout bon fan de Disney sait par exemple qu'une souris ne peut pas être associée à l'antagoniste principal. Casse-Noisette et les quatre royaumes est non seulement sans surprise mais il est également laid.
Si le film regorge de belles idées visuelles concernant l'univers présenté, absolument rien à l'écran ne semble vrai, c'est un problème pour l'immersion du spectateur, d'autant plus que tout va très vite. Si la mise en scène fait son oeuvre malgré tout, comme en témoignent les plans séquences au millimètre de début et de fin, l'ensemble visuel manque de substance. Encore une fois le film de Brad Bird jouissait d'une dimension visuelle tangible et crédible, à faire pâlir d'envie les fans pour retrouver un jour de tels décors dans l'un des parcs Disney si le film avait fonctionné. De Casse-Noisette et les quatre royaumes finalement on ne retiendra que cette scène de ballet en milieu de film avec Misty Copeland.
Côté casting il n'y a pas trop de reproche à faire. Mackenzie Foy ressemble à une poupée de porcelaine et elle sied parfaitement au personnage. D'ailleurs de manière générale il faut bien avouer que les costumes sont assez jolis. Helen Mirren aurait pu en faire des caisses, mais elle s'en sort admirablement. En revanche Keira Knightley cabotine, dans un rôle pareil rien d'étonnant mais elle ne demeure pas crédible un seul instant, c'est même assez risible, la voir s'égosiller et donner des ordres avec sa voix niaise au possible et sa perruque rose est un plaisir coupable. Morgan Freeman vient chercher son chèque, et Jayden Fowora-Knight fait le job en Casse-Noisette. Même James Newton-Howard, qui s'impose pourtant au fil du temps comme l'un des meilleurs compositeurs de son époque, a connu de meilleurs jours.
Une création originale ratée pour les studios qui semble confirmer que le studio ne souhaite absolument plus prendre aucun risque et miser sur ce qui lui rapportera à coup de l'argent. Dommage car il y avait ici matière à faire un film de Noël magnifique et féérique.