En rentrant dans la salle pour mater ce Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, le masqué s'est posé une question a priori anodine :
Ca remonte à quand qu'il n'avait pas vu un grand classique Disney à chroniquer sur SC, le Behind ?
Après une longue réflexion (cinq minutes tout au plus, rassurez-vous...), en faisant l'effort d'écarter les Pixar et la nouvelle mode des films live tendance remake, il s'est rendu compte que le dernier pur Disney remontait à... 2016. Avec Vaiana, La Légende du Bout du Monde.
Deux ans déjà, donc, que la souris a délaissé son terrain de prédilection.
Au profit d'une politique live de revisite des classiques qui aura pour le moins divisé, voire filé de sacrés aigreurs d'estomac aux plus désenchantés. Et voir aujourd'hui le conte / ballet Casse-Noisette perpétuer cette tendance a certainement de quoi attrister, voire irriter.
Chacun a le droit d'avoir un avis tranché sur cette nouvelle approche. Mais il serait hypocrite de ne pas reconnaître que, tout supposément paresseux soient-ils, Le Livre de la Jungle, Cendrillon, Peter et Elliott le Dragon ou encore Jean-Christophe et Winnie affichent une maîtrise et une certaine efficacité à même de contenter le public libéré de ses a priori. En attendant Dumbo ou Le Roi Lion.
Seule ombre au tableau, La Belle et la Bête qui, en 2017, avait tout de la répétition obèse qui s'appliquait à dissiper avec ardeur la moindre touche de magie de son modèle animé et à satisfaire les lobbies et autres groupes de pression ardents défenseurs de représentativité.
Avec Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, Behind attendait peu : seulement une émulation d' Alice au Pays des Merveilles fastueuse, animée par la toujours craquante Mackenzie Foy qu'il aurait eu plaisir à retrouver après Interstellar (et Conjuring).
Sauf qu'au final, on est assez loin du compte. Car le film ne tient ses promesses que le temps de ses premières vingts minutes, tout en faisant de l'oeil de manière appuyée au Drôle de Noël de Scrooge avant d'enfin ouvrir ses fastes dans la représentation d'un monde réel cossu, chargé et un brin mécanique.
Sauf que la petite impression de merveilleux se fait bien trop vite la malle, un comble, dès lors qu'il s'agit de figurer un royaume sorti de l'imaginaire d'une gamine qui aurait cent ans de retard sur son époque. A l'image de cette forêt assez cheap, dont la caméra est incapable de rendre l'ampleur et de détromper le spectateur sur le fait qu'il s'agisse finalement d'une quinzaine de mètres carrés à peine réagencés et d'entretenir une quelconque illusion de grandeur des lieux.
Les autres décors, eux, qui se comptent sur les doigts de la main d'un lépreux, seront tout aussi peu inspirés, même si certains plans extérieurs pourront faire leur petit effet. Sauf que tout cela a finalement le goût de trop peu, tout comme un scénario anémique qui avance à petits pas, envisagé comme un sous Monde de Narnia à peine moins naïf.
Le tout très loin des contes ou du ballet originels, le dernier étant rappelé de manière hypocrite pendant le film et à l'occasion d'une scène de danse et d'un générique totalement hors sujet. Car il faut bien rappeler au public que, même si le spectacle ne fait que recycler les archétypes des franchises enfantines heroic fantasy, Disney saupoudre quand même ce triste film d'airs bien connus de musique classique sur une oeuvre d'une paresse manifeste, anonyme, sans âme et totalement dénuée du merveilleux le plus élémentaire. Et que la 3D ne viendra en aucun cas magnifier.
Le tout soutenu par des prestations d'acteurs très variables. Si la charmante Mackenzie fait ce qu'elle peut, Keira ne manifeste que ses pires travers en mode mono expression variant entre le minaudage et le "Oh ! Je suis une vilaine !" dans un costume aux allures de Barbie Libellule. Helen, elle, se transforme en Indiana Jones du pauvre le temps d'une séquence de baston... Morgan, lui, nous gratifiera d'une nouvelle coupe encore plus improbable que celle arborée dans le récent remake de Ben-Hur. C'est dire...
Le spectateur se demandera donc pendant la projection où il a mis les pieds, en regrettant l'âge d'or Disney en totale contradiction avec les aspirations actuelles d'un studio mondialisé.
Car à l'époque, si Walt voulait, avec Fantasia, sublimer l'animation en faisant apprécier la grande musique, le studio, avec ce Casse-Noisette et les Quatre Royaumes, se contente, de nos jours, de cloner une recette périmée en l'adaptant en dépit du bon sens à un opéra pour se donner bonne conscience. Et niveler un peu plus par le bas un spectacle proposé de manière chiche qui ne satisfera, en l'état, que le jeune public peu habitué à la magie d'une salle de cinéma.
Où sont donc passés nos classiques Disney d'antan ?
Behind_the_Mask, qui se demande si la Fée Dragée ne serait pas la soeur de la Fée Dansonfroc.