Peut-être la prochaine destination de Xavier Rousseau, à moins qu’il n’y soit déjà arrivé avec ces tribulations d'un Chinois à New York.
On conçoit que le film puisse exaspérer – toujours la même équipe, le même entre soi (et pas seulement dans la fiction du film), les plus beaux appartements dans New-York, une vie (presque) totalement oisive (en fait Xavier/Romain Duris travaille , vaguement, à deux reprises …), la présence incontournable des nouvelles technologies, une dernière partie particulièrement outrancière et lourde (autour des amours de Cécile de France et de la baby sitter), tout cela sonne faux et finit par tourner à vide.
Faute de s’appuyer, comme dans les deux précédents opus, sur des enchaînements dynamiques, drôles et crédibles – Klapisch choisit de les remplacer par des grands sujets sociétaux : familles recomposées, émigration clandestine (pas très douloureuse), mariages blancs, PMA … questions très lourdes sur lesquelles Klapisch n’a manifestement pas grand-chose à dire.
Les trouvailles de scénario, par exemple l’apparition, en plein récit de Schopenhauer puis de Hegel, ne sont pas vraiment exploitées non plus et font long feu.
Et les trouvailles formelles, parfois ingénieuses (en particulier les animations), dans la même perspective, peuvent être vues comme la juxtaposition de clips .
Bobo ?
On peut aussi regarder Casse-tête chinois autrement – ou plus simplement encore se laisser guider par son plaisir – et ainsi renverser tout ce qui pouvait apparaître comme gênant.
Ainsi le récit est dynamique, et souvent drôle – on peut penser aux interventions, d’un cynisme plus que réaliste de l’avocat de Xavier Jason Kravits, très bon). Et si les « grands thèmes » ne sont pas approfondis, c’est aussi pour éviter de plomber un récit qui tient d’abord, évidemment, de la comédie.
Il y a, à plusieurs reprises, de vraies trouvailles de réalisation et pas seulement des clips – ainsi des personnages qui s’animent et s’échappent du magasine.
Et même l’arrivée successive de tous les protagonistes dans la petite chambre de Xavier, au moment où l’enquête d e l’émigration devient très menaçante et où la vie privée de chacun menace de s’écrouler, ce rassemblement relève, de façon évidemment volontaire et réussie du plus pur vaudeville.
Il y a même mieux. Si, de fait, les grands thèmes sont à peine survolés, le regard porté sur l’Amérique et sur New York est d’un réalisme cruel assez saisissant – pour l’agitation de la ville, son labyrinthe à surprises (et pas toujours à angles droits), la perception de ses communautés et plus encore pour le regard que les Américains portent sur les autres – du nouveau compagnon de son épouse (Kelly Reilly) qui observe Xavier/Duris comme un insecte au terrifiant et plus que réaliste enquêteur de l’émigration et jusqu’au cynisme de l’avocat new yorkais , Klapisch vise juste.
Et tous les échos à ses films précédents, que l’on pourrait aussi voir comme des tics, les passages presque subliminaux d’anciens personnages (quasiment inutile pour celui de Zinedine Soualem) peuvent aussi être perçus comme des fils, des passerelles, des échos, sans doutes bien plus complexes. Le meilleur exemple est peut-être celui des courses (avec toujours la même foulée très spectaculaire) de Xavier dans la ville, en écho aux courses du même personnage dans l’Auberge espagnole ou dans les Poupées russes, mais aussi au premier film de Klapisch – dans le Péril jeune, la course de l’étudiant pour essayer, en vain, de rejoindre son amie anglaise partant définitivement. C’est la même course qui clôt le film, mais cette fois sur une note positive.
Des échos, des fils, des passerelles, Truffaut et Antoine Doinel ne sont pas si loin.