Je tourne et retourne dans tous les sens dans mon appartement. Décidément ça ne vient pas. Et c'est avec la B.O de l*'Auberge Espagnole* que l'inspiration me vient : nostalgie ? C'est exactement la question que je me pose. Suite aux deux opus précédents (l'Auberge Espagnole et les Poupées Russes) qui ont profondément marqué mon adolescence, c'est finalement plus par nostalgie que je me retrouve dans ce fauteuil de cinéma.
Dix ans après les Poupées Russes, raconter l'histoire d'un Xavier quadragénaire était sûrement le pari le plus difficile à réaliser. Pourtant, Klapisch le fait, il repart avec la quasi totalité de son équipe d'acteurs, ce qui nous convainc d'ailleurs instantanément par la convivialité omniprésente qu'il a pu instaurer au sein des deux précédents opus. Qu'en retient-on ? Xavier se sépare de Wendy après dix ans de vie commune, leurs deux enfants se partagent entre père et mère, Xavier tente toujours d'écrire sa vie dans ses romans; bref, c'est le bordel. Et ce, dans tout le film. "La vie va d'un point A à une point B, sauf pour moi. J'dois pas être normal." Martèle-t-il à plusieurs reprises en voix off. Et finalement, ce discours d'homme perdu que l'on retrouve dans les deux premiers films et qui en constitue le fil rouge est présent dans Casse tête Chinois, si bien qu'on a l'impression que Klapisch nous vend du tout cuit. Ok, la vie est un vrai bordel. Et alors ? Cédric, où est passée ta folie, ton imagination, ta passion ?
J'avais peur de voir une comédie familiale. Et putain ... On est tombés dedans. On rit, on sourit, on se divertit, mais on n'est plus touché, on ne frissonne plus, on ne reçoit plus un coup de poing dans la face. Mais c'est vrai, on s'amuse ! L'humour est agréablement traité et l'on retrouve avec plaisir une ambiance de grande complicité entre les personnages. Pourtant, quelque chose ne fonctionne pas : l'imprévisible peut-être ? La rencontre de Xavier avec son père qui aurait pu constituer un élément clé du film n'est que mineur et reste superficiel. Klapisch se base alors sur des éléments préexistants et en fait une histoire, en omettant d'ajouter ce soupçon de folie qui nous touche, telle que la ballade nocturne parisienne de Neus et Xavier complètement nus dans les Poupées Russes. Ici, cette folie inhérente à la jeunesse est abandonnée, hormis par la fin du film faisant écho aux deux précédents opus. (Je n'en dis pas plus pour les curieux!)
Toutefois, pour les amateurs de Klapisch, il nous livre un film caractéristique de sa personne : de nombreuses péripéties s’enchaînent, créant des situations excentriques comme on les aime. Cependant, il manque indéniablement le caractère viscéral des personnages qui rendait une prestation bouleversante. Pourtant, on en était pas bien loin ! Il a conservé les jeux de regards imposant une étude de personnages intéressante, mais pas suffisamment. Sur une copie d'examen, on aurait écrit au stylo rouge "trop superficiel, approfondissez vos idées." Beaucoup de sujets sont soulevés mais aucun n'est réellement traité de façon aboutie.
Xavier retient que son inspiration d'auteur lui vient de ce bordel ambiant inhérent à sa vie et qu'en nageant dans le bonheur, il ne parviendrait pas à produire un écrit de qualité. Alors je me pose la question : C. Klapisch, par pur hasard, la sagesse de la cinquantaine ne te ferait-elle pas nager dans le bonheur ...?