Je suis un gros fan de Stuart Gordon où, pour être plus exact, de deux films de Stuart Gordon, ReAnimator et From Beyond, et je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le reste de sa filmo, une filmo chaotique où entre oeuvres de commandes et films fauchés il a vraisemblablement galéré pour faire des films après ses deux chefs-d’œuvre initiaux, et où, en tout cas d'un aspect extérieur, il n'a pas pu réaliser d'oeuvres aussi personnelles que ces deux premiers opus. C'est en effet le cas avec Castle Freak, un film réalisé pour la TV uniquement, en 1995 qui plus est, à une époque où le genre est déjà en train de tirer la langue. Et tout cela se voit à l'écran 4/3, ça fait un peu fauché, c'est une coprod américano-italienne fauchée, un film B qui frôle le Z, où il y a tout de même sa muse Barbara Crampton, mais dans un rôle étonnamment effacé, et l'histoire racontée est celle d'un enfant battu et enfermé par une comtesse dans les oubliettes d'un château où vient habiter une famille dont le père est responsable de la mort de son jeune fils et du handicap de sa fille ainée, devenue aveugle lors de l'accident de voiture qui causa la mort de son frère, voiture conduite par le père en état d'ivresse. Bref, le gamin battu a grandi dans les geôles du château, il est devenu monstrueux et va s'en prendre à cette famille meurtrie, famille qui est la sienne puisqu'on apprendra in fine que ce monstre est le frère du père de famille. Tout cela fait un peu grand guignol, et l'est, surtout avec des moyens limités en terme de production, mais le fan de cinéma de genre ne peut que reconnaitre que ce film est malgré tout réussi, en grande partie grâce au talent de Gordon, même si ici il peine à se matérialisé à cause de l'aspect télé de l'objet. Malgré ça, on retrouve les éléments essentiels de sa mise en scène, à savoir qu'il traite les sujets et les situations les plus grotesques avec un sérieux et un jusqu'au-boutisme inébranlables, et aussi qu'il croit, jusqu'au bout, à ses personnages et à ce qu'il raconte. Tout peut virer au grotesque en permanence, mais Gordon y croit tellement qu'il nous fait y croire aussi, et le grotesque présumé se transforme alors en horreur pure.