Cat’s Eye est un bien curieux objet de cinéma, ni maîtrisé ni raté, qui se propre d’adapter trois nouvelles du romancier américain Stephen King avec, comme fil directeur, la présence d’un chat qui remonte, histoire après histoire, vers le sauvetage d’une petite fille. Cette trajectoire, habilement construite grâce à des séquences de sommaire qui suivent l’animal dans ses aventures urbaines puis ferroviaires, reste cependant un prétexte à un assemblage d’histoires sans lien véritable, trop courtes sinon pour engendrer des films distincts. L’ouverture offre d’ailleurs au spectateur un condensé de l’univers de King récemment porté au cinéma, soit la voiture de Christine (John Carpenter, 1983) et le chien de Cujo (Lewis Teague, 1983) ; d’autres références apparaîtront çà et là, signes du statut somme toute bâtard de la présente production qui n’est qu’une déclinaison faite au microcosme fantastique d’un auteur alors adoubé par un lectorat populaire et par une génération de cinéphiles.
La qualité intrinsèque du long métrage réside dans son filmage : si parler de mise en scène serait excessif, Teague et son directeur de la photographie Jack Cardiff captent habilement les mouvements – rappelons que Cardiff a travaillé, entre autres, sur The Red Shoes (Michael Powell et Emeric Pressburger, 1948) et sur The African Queen (John Huston, 1951), deux œuvres qui exigeaient un savoir-faire en matière de restitution de la fluidité des déplacements – du félin et des personnages, qu’il s’agisse de la paranoïa de James Woods ou du circuit escarpé que doit emprunter Robert Hays pour sauver sa vie et celle de la femme mariée qu’il aime. La musique que signe Alan Silvestri recourt à de lourds synthétiseurs, souvent disgracieux, pour créer une atmosphère disharmonieuse et grinçante propice aux cauchemars représentés. Notons enfin la présence de la jeune comédienne Drew Barrymore, propulsée par le succès de E.T. (Steven Spielberg, 1982) puis de Firestarter (Mark L. Lester, 1984).