Gâtisme mièvre
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Ascension d’une jeune anglaise décoincée du cul, qui débarque sans rien à Paris, et gravit les échelons de la réussite sociale en développant sa propre société : elle couche avec des hommes fortunés, ses « actionnaires ». Grivoiserie au service du capitalisme (ou l’inverse), cette comédie bien de son temps reprend le personnage de joyeuse écervelée développé par Birkin pour le croiser avec un curieux discours féministe où le libéralisme est ce qu’il est, du cul comme de la finance. On n’ira pas jusqu’à y voir une critique voilée, mais la patte de Catherine Breillat (adaptation et dialogues) est quand même là, dans la description réussie des diverses pratiques sexuelles des « actionnaires » (Brialy le boursicoteur, Michel Aumont le snob, etc.) et l’affirmation coûte que coûte d’une indépendance féminine qui ne soit pas que sociale mais aussi amoureuse. Ainsi le domaine des sentiments restera réservé au week-end (et Dewaere devra faire avec). On craint pendant tout le film qu’il ne remporte la mise, mais non, c’est lui qui perd à la fin, il se marie ailleurs, et accepte de ne voir celle qu’il aime que le samedi. Drôle de happy-end au goût amer, étonnant dans une comédie qui se présentait comme inoffensive. Vieux briscard des années 50 (plusieurs Bardot, c’est son dernier film), Boisrond filme avec sobriété les éclats mouvementés de Birkin, d’une vitalité malicieuse, irradiante dans toutes ses tenues et coiffures. On ne sait jamais ce qu’elle va faire la seconde d’après, par quelle torsion, intonation, murmure ou explosion vont passer les mots qu’elle prononce. Elle est à elle seule le véritable élément subversif du plan.
Créée
le 27 sept. 2023
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