Pourquoi l'Homme a-t’ il créé la Multiplia ? Pourquoi JUL a-t-il autant de succès ? Pourquoi "Cats", alors boudé en 1981 par la critique, est devenu l'un des spectacles les plus rentables de tous les temps ? Pourquoi ce spectacle m'a autant intrigué depuis tout jeune ? Des questions sans réponses. « De trop nombreuses questions » disait Edward Nygma...
Après avoir vu Cats, non pas sur scène mais à travers l'adaptation du spectacle de 1998, mon enthousiasme a été sévèrement refroidi : ce n'était pas aussi époustouflant qu'espéré, voir même redondant et ennuyeux. Le résultat devait très certainement être plus immersif en live. Quant à cette adaptation ciné confiée à Tom Hooper, déjà responsable du misérable Les Misérables, le projet restait terrifiant depuis son annonce, repoussant depuis son trailer maltraité mais finalement plus que passionnant à la vue des critiques assassines unanimes et retouché numériquement alors que le film était déjà diffusé en salles, du jamais vu. Du coup, je me suis lancé douloureusement dans l'un des pires films de l'histoire. Non vraiment.
Le principal souci de l'adaptation de 1998, c'était que l'immersion ne prenait jamais : regarder des danseurs costumés se prendre au sérieux ne fonctionnait pas. Même topo ici mais quadruplé. Tout sonne encore une fois faux mais avec en bonus des effets numériques maladroits et des incrustations hideuses, inacceptables pour un film sorti fin 2019 avec un budget de cette trempe. Faire évoluer des personnages anthropomorphes dans une série de décors bigger than life est une bonne idée. Sauf qu'ici les décors sont en toc, mal incrustés et tous sans exception dégueulasses. Tom Hooper s'avère constamment perdu, désireux de mettre en scène la célèbre comédie musicale mais tout bonnement incapable de gérer son espace, ses comédiens (fin de carrière pour Judi Dench, Ian McKellen, Idris Elba, Jennifer Hudson, etc, etc), ses cadrages, ses transitions, ses effets spéciaux, son rythme. Bref, Tom Hooper ne sait pas faire d'adaptation.
Car il s'agit bien là d'une tentative ratée de transposer une histoire pensée et réalisée à l'origine pour la scène dans un univers cinématographique plus large mais pourtant ici confiné, presque étouffant. On aurait bien aimé une direction d'acteurs, un fil conducteur plus limpide, une réelle mise en scène plutôt que ces successions de plans parfois immobiles où le réalisateur se contente de filmer calmement ses danseurs faire leur numéro sans aucune dynamique apparente. Épreuve d'1h40 alternant constamment entre la ringardise et le malaise, épopée désespérante de nullité et d'approximation artistique où l'on se retient toutes les cinq minutes de vouloir arrêter le métrage, Cats est une leçon de cinéma, la preuve qu'on ne peut pas tout adapter et que Rebel Wilson reste une piètre actrice, peu importe son rôle. Je conseille vivement ce film aux plus téméraires et aux plus courageux. Sincèrement.