SM Trauma
Cauchemars À Daytona Beach, connu sous le titre Nightmare aux USA, a toujours eu une sale réputation... Il y a tout d'abord eu la drôle d'affaire avec Tom Savini, crédité sur l'affiche comme...
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le 12 juin 2024
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Cauchemars À Daytona Beach, connu sous le titre Nightmare aux USA, a toujours eu une sale réputation... Il y a tout d'abord eu la drôle d'affaire avec Tom Savini, crédité sur l'affiche comme directeur des effets spéciaux alors que l'artiste décrète n'avoir été que simple consultant. Selon lui, l'équipe de production du film doit l'intégralité des effets au jeune Lester Lorrain (crédité Les Larrain au générique) qui n'aura jamais l'occasion d'approuver le propos en ce sens puisque le malheureux se suicida peu de temps après la sortie du film. Un film qui fut par ailleurs durement soumis à la commission de censure qui fit supprimer la plupart des scènes gore. En Angleterre, l’œuvre sombra au sein de la sévère et hypocrite liste des "video nasties", suite à la loi Video Recordings Act 1984 à l'encontre des contenus obscènes, outrageux et violents. Des films d'horreur pour la plupart d'entre eux, strictement interdits de diffusion dans leur version intégrale, voire même interdits tout court, à l'image de La Dernière Maison Sur La Gauche (Wes Craven - 1972), I Spit on Your Grave (Meir Zarchi - 1978) ou encore Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato - 1980).
Le distributeur de Cauchemars À Daytona Beach au Royaume-Uni, un dénommé David (Hamilton) Grant, dont le parcours est dressé dans le documentaire Damaged, réalisé en 2023 par Sarah Appleton, osa néanmoins défier l'autorité britannique en éditant le film dans sa version non censurée et écopa d'un an de prison ferme. Sentence qu'il effectua intégralement.
Retiré des catalogues, Cauchemars À Daytona Beach resta longtemps une sorte de long-métrage "maudit", dont les éditions vidéo dans le reste du monde étaient forcément charcutées, voire même librement remontées. Un massacre artistique qui n'aida en rien à ce que le film retrouve sa qualité initiale et dont la réputation, appuyée par Savini lui-même durant de longues années, fut d'être un pitoyable ratage. Point.
Interné dans un hôpital psychiatrique où il est diagnostiqué psychotique-paranoïaque et amnésique, George Tatum expérimente un nouveau traitement qui semble améliorer son état mental. Autorisé à sortir de l'hôpital, ses manques de repères l'incitent à plonger aux confins de ses traumatismes et à commettre des crimes abominables...
Surfant sur le succès d'Halloween (John Carpenter - 1978), ce slasher, qui n'en est pas tout à fait un, anticipe néanmoins des œuvres fortes telles que Maniac (William Lustig - 1981), Schizophrenia (Gerald Kargl - 1983) ou encore Henry : Portrait D'Un Serial Killer (John McNaughton - 1986) de par l'étouffante atmosphère mortifère qui règne tout au long du métrage et de par l'aspect psychologique explicité. Ici, un simple jeu sexuel en mode BDSM crée le trauma qui se développe dans des excès de violence brute. Et en incluant, en prime, des enfants au drame horrifique, le réalisateur transalpin Romano Scavolini apporte une forme de perversité (et de sensibilité) européenne bienvenue, forcément absente des œuvres du genre purement américaines. Déjà responsable en 1972 du curieux (et pas terrible) faux giallo Exorcisme Tragique, le cinéaste asphyxie Cauchemars À Daytona Beach dans un climat poisseux et déliquescent, rythmé par l'oppressant score de Jack Eric Williams. Et puis les enfants jouent remarquablement bien, ce qui n'était pas toujours le cas à cette époque, sauf exception, au sein du cinéma de genre.
L'aspect psychologique est lui aussi étudié et tient notablement la route, puisque Scavolini s'est non seulement documenté sur les attitudes des psychotiques-paranoïaques, mais également sur le médicament de synthèse MKUltra, secrètement élaboré par les scientifiques de la CIA, permettant de modifier le comportement violent de certains individus incarcérés. Des cobayes qui n'étaient pas toujours en état à donner leur accord pour subir ces expériences qui, finalement, accentuaient leurs traumatismes et provoquaient de terrifiantes psychoses. Inspiré par ces sordides faits divers, Romano Scavolini rédigea un thriller psychologique qui se métamorphosa en "slasher" gore sous l'impulsion de ses producteurs. Après tout, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
NB : À noter que la version intégrale du film vient d'être récemment éditée en France chez Pulse Video dans un somptueux master 2K restauré.
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le 12 juin 2024
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il y a 4 jours
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