Cauchemars à Daytona Beach, Nightmare en VO, est un des films les plus importants de la fameuse « video nasty list », une liste de films considérés comme trop violents ou obscènes par l’establishment de la Grande-Bretagne du début des années 80. Le film a été l’un des premiers à être étiqueté comme problématique et son distributeur a même fait six mois de prison pour avoir osé le sortir en version intégrale. Il faut dire que la promotion du film avait été marquante, avec un sac à vomi qui avait été fourni avec la vidéo ainsi qu’un concours dans lequel il fallait deviner le poids d’un cerveau stocké dans un bocal. Aux États-Unis, la MPA l’a même classé film X (interdit aux moins de 18 ans). Longtemps retiré des catalogues dans de nombreux pays, Cauchemars à Daytona Beach fait partie de ses films maudits, certes sortis un peu partout mais dans des versions très charcutées, voire remontées un peu n’importe comment. Désormais disponible chez nous dans sa version intégrale grâce à Pulse Video, il n’est pas difficile de comprendre, même encore aujourd’hui, comment ce film a pu figurer dans cette fameuse liste. Car cette histoire d’un homme perturbé qui sort d’un asile un peu trop tôt fonctionne toujours aussi bien.


L’ambiance de Cauchemars à Daytona Beach est relativement glauque car le film est un peu construit à la manière d’un documentaire, découpé en chapitres (un chapitre = une journée), avec des moments virant au malsain. Chambre d’hôtel sordide, sex-show avec masturbation en quasi gros plan, souvenirs de jeunesse impliquant un enfant tueur à la hache, … il est vrai que le film avait de quoi choquer. Le réalisateur instaure une ambiance angoissante rien que par ses images, encore plus aujourd’hui où le film a vieilli, renforçant l’aspect quasi documentaire de certaines scènes. Le traumatisme du personnage central qui nous est montré plusieurs fois (de façon différente) durant le film amène lui aussi sa pierre à l’édifice, surtout que la musique qui l’accompagne a de quoi crisper les plus fragiles d’entre nous. Le fait qu’on suive cet homme psychologiquement instable, et ce dès la première scène de cauchemar qui nous accroche instantanément, a parfois quelque chose de malaisant, voire d’étouffant. A aucun moment l’humour ne s’invite, c’est souvent le poisseux qui prime, et certaines scènes sont très puissantes (le meurtre au couteau de la femme seule chez elle). Les effets gores sont effectivement bien craspecs. Ça saigne, il y a de la tripaille, des têtes coupées, des gorges tranchées, et les amateurs de sanquette en auront clairement pour leur argent et il faut avouer que, pour l’époque, c’est bien gore et ça va assez loin. Ces scènes gores sont au final peu fréquentes, mais lorsqu’elles arrivent, elles sont assez marquantes, et surtout très bien exécutées. Certaines prothèses sont certes un peu voyantes, mais d’autres effets sont encore aujourd’hui assez bluffant, d’autant plus que le réalisateur prend un malin plaisir à en filmer certains en gros plan. Le carnage final infligé par le petit garçon est assez intense. Et, c’est à souligner, ces scènes gores servent le film et ne sont pas là gratuitement.


L’affiche française de Cauchemars à Daytona Beach nous dit « Il torture, il tue, il souille », tout un programme. Le film s’inspire clairement de films comme Halloween (1978) ou Maniac (1980) et, par son ambiance, il ressemble bien plus à un film des années 70 qu’à un produit des années 80, avec son esthétique un peu grindhouse. Le casting y est assez excellent. Baird Stafford, dont c’est le premier des deux films qui composent sa filmographie, porte sa psychopathie sur lui, avec son regard effrayant et les actes qu’il commet de sang-froid, un peu à la manière d’un Henry, Portrait d’un Serial Killer (1986). Fait étonnant, surtout à cette époque où cela pouvait rapidement devenir crispant, les acteurs enfants sont réellement crédibles. Réalisateur qui a touché à tous les styles, le thriller, l’action, le giallo, et donc ici le film de psychopathe bien méchant, la mise en scène du transalpin Romano Scavolini (Savage Hunt, Servo Suo) est des plus intéressantes, avec des prises de vues soignées. Il semble avoir compris à quoi devrait ressembler un vrai film d’horreur, ceux du genre qui mettent mal à l’aise, ceux qui vous donne l’impression d’être poisseux au sortir du générique de fin. Le seul vrai gros problème de Cauchemars à Daytona Beach, c’est qu’il passe beaucoup trop de temps à nous montrer cette famille, une mère et ses trois enfants, qui aura certes son importance par la suite, mais qui aurait pu être moins présente à l’écran pour se centrer plus sur le protagoniste principal. Surtout que certaines « farces » du jeune fils sont parfois un peu too much pour être crédibles. Il en résulte que le film se traine dans sa partie centrale à cause de ces personnages peu intéressants, mais lorsque le final arrive, tout cela est oublié et on sort du visionnage avec ce sentiment d’avoir vu une bonne petite bobine horrifique oubliée et pourtant assez marquante.


Un film sous-estimé et assez fascinant, mais qui ne conviendra clairement pas à tous les publics tant il propose une atmosphère grinçante dans laquelle la violence est le spectacle central. Mais si vous aimez l’horreur authentique et effrayante, alors c’est pour vous.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-cauchemars-a-daytona-beach-de-romano-scavolini-1981/

cherycok
7
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le 5 déc. 2024

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