L'homme qui grandit
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Parfois un film raté réussit quand même à laisser voir un peu de son potentiel. De façon inverse à la trajectoire de son personnage, celui-ci s’ingénie à ruiner tout ce potentiel pour réussir à correspondre au spectacle lénifiant que ses producteurs ont voulu en faire.
Pourtant il y avait matière, et le film donne le sentiment de décoller après un début des plus poussifs (on comprend pourquoi le nom de Vincent Sherman reste aussi peu connu). La situation est d’autant plus intéressante qu’elle oppose un duo qui fonctionne très bien entre le très british John Williams (le chouchou d’Hitchcock, l’inspecteur dans "Le crime était presque parfait") et un Paul Newman parfait dans un registre de jeune premier victime des conventions.
Newman joue un bâtard laissé dans l’ignorance de l’identité de son père, un héritier de la bonne société philadelphienne. Celui-ci est mort durant la nuit de noces sans que le mariage ait été consommé. La mère a ensuite une liaison avec un entrepreneur qui lui donne un enfant mais elle fera croire qu’il est le fils du mari défunt pour des raisons de prestige et afin de lui assurer une entrée dans la société.
Intervient là-dessus une histoire entre le fils devenu grand et la fille d’un avocat de la haute. L’avocat est John Williams. Newman et la fille veulent se marier, malgré que le jeune étudiant en droit soit fauché. C’est là que ça devient intéressant. Williams passe un deal avec Newman : il pourra avoir la fille et en plus un poste dans la firme de beau-papa s’il accepte de patienter le temps d’avoir terminé ses études. Newman est ravi. Mais la fille, qui n’est pas présente à ce moment, a droit à une toute autre explication : le père lui explique qu’il a accepté de remettre en question le mariage en échange de la place. La fille du coup se barre et va se marier avec le fiancé qu’on lui avait destiné. Quant à Newman, il décide par dépit de devenir un Rastignac.
Malheureusement ça s’arrête là car l’histoire sombre alors dans le mélo le plus convenu, avec guerre de Corée, meilleur ami blessé tombé dans la déchéance, accusé de crime, sauvé par Newman qui de future crapule redevient le héros de guerre, l’avocat rédempteur et le gendre idéal qu’il ne peut manquer d’être aux yeux de la brave ménagère, cible n°1 de la production.
Un film des plus dispensables donc, mais qu'on ne peut pas qualifier d'indigne non plus. A noter un beau numéro d’acteur de Robert Vaughn qui joue le meilleur ami blessé et quelques scènes de bitures qui me servent à justifier une nouvelle calembredaine auto-satisfaite.
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le 6 avr. 2013
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