Alors que j'ai découvert son cinéma assez jeune, je dois bien reconnaître que j'aime beaucoup Cédric Klapisch, notamment sa façon de dresser le portrait d'une génération (Le Péril Jeune, sa saga L'Auberge Espagnole...) ou de tisser des liens entre humains, étudier les rapports familiaux ou encore les tranches de vies (Un Air de Famille).


Ici, il s'intéresse à la transmission d'une génération à une autre et aux rapports familiaux, que ce soit entre enfants ou avec les parents, et il choisit le cadre ô combien passionnant de la Bourgogne et du vin, mes contrées en plus. C'est d'ailleurs là que le film est une réussite, dans la façon de mêler le côté intime d'une famille, avec celui de la saison des vignerons, sachant rendre les deux passionnants et se les faire entrecroiser avec brio, mais surtout mélancolie, justesse et même humour, Klapisch écrivant un scénario bien ficelé.


C'est à travers ses personnages qu'il transmet une certaine émotion, teintée d'une dose de nostalgie où il est question de la transmission, que ce soit des biens ou de la pensées, et du passage à un vrai âge adulte, à l'heure où il faut réellement faire des choix. Ils sont aussi bien écrits que joués (notamment Pio Marmai et Ana Girardot) et attachants, ils rendent les enjeux principaux passionnants, et arrivent à nous faire ressentir ce qu'ils pensent, leurs doutes et sensations. Klapisch montre souvent une vraie justesse dans leur traitement ainsi que les rapports qu'ils vont entretenir.


Néanmoins, et sans que ce soit vraiment gênant, il pêche parfois dans les histoires secondaires, comme celle opposant nos protagonistes évidemment bio face à un autre viticulteur qui ne l'est pas, où là il montre même quelques lourdeurs, notamment dans le message (les non-bios ne sont pas systématiquement des assassins de la planète...). Il se montre moins lourd avec le passage "australien", bien que pas toujours très bien traités, mais qui lui arrive à transmettre une certaine émotion, et même profondeur aux personnages.


Le contexte de l'oeuvre est passionnant et surtout assez juste, il y évoque la vinification sans être dans la caricature et on retrouve plusieurs aspects de ce métier aussi exigeant que passionnant. L'humour est au rendez-vous, grâce aux trois jeunes protagonistes, tandis qu'il sait manier les non-dits pour exprimer des sentiments, notamment entre le père et le fils aîné. Ce qui nous lie a aussi la chance de bénéficier d'une bande son agréable, ainsi que d'un travail sur les lumières et les prises de vues vraiment réussi, Klapisch sachant sublimer ce qu'il met en scène.


Tout en nous emmenant au cœur du vignoble bourguignon, Cédric Klapisch étudie les sentiments humains et les rapports fraternels à travers les quatre saisons vues par la vigne, sachant alterner avec justesse entre mélancolie et humour.

Docteur_Jivago
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le 26 mars 2017

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Docteur_Jivago

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