Klapisch kaput
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Cédric Klapish s’est essayé à de nombreux genres durant sa carrière mais force est de constater qu’il n’a pas son pareil lorsqu’il fait le choix de croquer des tranches de vie dans leur plus simple expression. Il l’a prouvé avec sa trilogie culte et auréolée de succès inaugurée avec « L’auberge espagnole », poursuivie avec « Les Poupées russes » et terminée avec « Casse-tête chinois », où il dessinait le portrait d’une génération entière entre amitiés et amours, joies et désillusions. Il s’attaque ici au portrait d’une fratrie dans le cadre des vignobles de Bourgogne. Et il le fait une nouvelle fois avec un sens aigu de l’observation et une toujours une énorme dose d’humanisme. L’acuité de son regard sur les personnages qu’il met en scène se conjugue toujours avec rires et émotion. « Ce qui nous lie » est à la fois une preuve éclatante (et paradoxale) de la simplicité et de la profondeur de son œuvre.
Quelques films se sont prêtés à prendre le vin comme toile de fond, du surestimé « Sideways » outre-Atlantique à « Tu seras mon fils » chez nous, mais jamais le poids des racines, le sens de la terre et l’amour du vin n’avaient été aussi bien rendus sur grand écran quand bien même ce n’est pas le sujet du film. Mais, par petites touches, il parvient à nous faire ressentir sur une année ce qu’est la fabrication d’un vin, des vendanges aux premières séances de dégustation. D’ailleurs ces séquences donnent au film de belles couleurs, du générique de début très naturaliste aux plans larges sur les vignobles aux rendus à chaque fois différents. Mais sa réalisation ne se contente pas de magnifier la Bourgogne. Un plan sur des mains qui s’effleurent en faisant la vaisselle ou un autre sur un frère et une sœur se fondant derrière l’aîné de la fratrie montrent que Klapish ne se limite pas à filmer platement l’histoire qu’il a entre les mains mais, au contraire, regorge d’idées de mise en scène.
Comme toujours chez le cinéaste, on apprécie également cette manière toujours aussi juste de prendre la température au sein d’un groupe. Ces séquences mettant en scène les fin de journées des vendangeurs transpirent le vécu et la chaleur humaine. Mais le noyau du film est le drame familial qui se joue et l’héritage qui en découle. Et si certains moments sont très émouvants (grâce à de subtils flashbacks ou des dialogues pudiques mais explicites), on ne tombe jamais dans le pathos ou dans l’excès lacrymal. L’émotion vient naturellement, sans crier gare, par la force d’un trio d’interprètes parfaits et complémentaires. Comme toujours l’humour n’est pas absent et on rit également souvent de bon cœur comme lors de ces scènes où les deux frères imaginent les dialogues de personnages de loin. Si le film n’est pas exempt de quelques longueurs il fait constamment chaud au cœur et plaisir à voir. Une comédie dramatique impeccable sur les liens familiaux, pleine d’humanité et de beaux sentiments nobles qu’il serait dommage de ne pas déguster.
Créée
le 30 mai 2017
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