Cela commence par une balade estivale, matinale, que l'on voudrait voir durer toujours et qui à elle seule pourrait résumer le film ; on est proche du rêve de l'été idéalisé qu'un tragique vient brutalement ramener au réel. Le présent nous rattrape, la balade se fait désespérée, et sera longue, très longue. Commence alors le voyage sur trois ans de ces personnages meurtris qui pourraient bien être nous, ou tout du moins nos amis.


C'est bien un sentiment. Si l'ensemble paraît bavard, sans grande consistance, c'est pourtant bien l'émotion qui prime. La parole (proche d'un Her où la communication, à défaut d'être tactile, se résumait à de réguliers "Ca va ?" ou "Je suis content(e) de t'avoir parlé."),accompagnée de rires, de pleurs, toutes ces choses qui ensoleillent la banalité, tout cela ce n'est pas l'important.
Des bouches il ne faut pas entendre les paroles, insipides, belles dans leurs simplicité, mais bien faibles scénaristiquement, mais voir les sourires qui se dessinent ou les larmes qui coulent dessus.


Tout se dit au mieux lorsque rien ne se dit.
C'est pourquoi à une longue scène maladroite, sonnant faux, où notre héros retrouve son meilleur ami bavard et pseudo-philosophe à New-York, ville du troisième et dernier été, on préférera cette belle soirée sur les toits de la ville où tout se terminera (ou bien où tout recommence, à vous de voir) qui se résume à des regards échangés, des baisers, des câlins, des sourires et des caresses.
Le film donne une place majeure et sublime à la synesthésie qu'il veut personnage principal. On ressent la douceur d'une peau éclairée par un timide soleil matinal, on entend les oiseaux sifflotant dans les arbres, et on se laisse porter par une image au grain si délicat qu'il sublime n'importe quel paysages et fait d'un éclairage quelconque un aplat de couleur pictural.


On pourrait s'y abandonner des heures, se lover dans la douceur nocturne de ces étés torrides dont le réalisateur, par la justesse de son image et celle de ses comédiens, ne tire que les moments magiques, même s'il faut en passer par de tragiques épreuves dont il ne limite jamais l'impact.


Et l'on en revient au début ; on pourrait se suffire à cette scène d'ouverture tant tout y est dit avec délicatesse et tant l'ultime scène, que l'affiche dévoile, prouve que l'histoire continue, ne s'arrête ici que parce qu'il faut bien s'arrêter quelque part, et pourraitcontinuer encore longtemps.

Créée

le 4 avr. 2016

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Charles Dubois

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