Cock in the butt is gonna be huge !
Petit chouchou de Sundance et des Independent Spirit Awards, Celeste & Jesse Forever est le bébé intimiste écrit et interprété (et co-produit) par une Rashida Jones qui jusqu’ici ne s’était contentée que de seconds rôles, mais dans des productions suffisamment populaire pour qu’elle puisse enfin se mettre plus en avant. Son charisme et son minois aguicheur étant indéniables, on s’attendait évidemment à la voir tôt ou tard avoir sa tête d’affiche, mais ce que l’on soupçonnait moins, c’est que ce petit bout de femme avait des choses à raconter, et pas des moindres. Pas besoin de vous faire un dessin, vous avez compris via les diverses bandes-annonces et synopsis que tout cela traite d’un couple qui divorce mais qui malgré 6 mois de séparation reste indissociable, Celeste et Jesse ne voulant en aucun cas briser l’amitié qui les lie. C’est autour de cela que gravite toute la mécanique du film, un couple ce sont aussi les meilleurs amis du monde, le sexe n’étant pas une fin, d’où l’amour platonique. Malheureusement cette façon d’appréhender les choses est destructrice et n’est autre qu’un miroir aux alouettes, surtout pour Celeste lorsque Jesse lui annonce qu’il attend un bébé avec une autre femme, moment où le film démarre vraiment et laisse place à la solitude et la remise en question de Celeste. Oui, le film se centre beaucoup sur Celeste et ça n’est pas vraiment étonnant puisque c’est le personnage de Rashida, qui suinte l’authenticité, nous faisant l’aimer (Celeste) autant que l’on peut la détester ou simplement la trouver pitoyable. Un choix narratif qui pourrait facilement faire glisser la bobine dans le registre « film de filles », mais non, ça parle à tout le monde, et c’est aussi là que se situe toute la magie de Celeste & Jesse Forever, comédie romantique qui prend le genre à contre-courant, donnant une bouffée d’air frais à un genre qui se calque jusqu’à l’usure totale, tout en n’oubliant pas d’y ajouter une bonne dose d’humour.
Au-delà de l’aspect romantique Rashida Jones et son co-scénariste Will McCormack ont pris soin de placer un décor baignant dans la culture actuel, que ça soit la mode végétarienne, la surexploitation de licences cinématographiques, le yoga, les icônes pôt/pop-pourries (Bieber, Gaga…), autant d’éléments qui font de la bobine un produit contemporain et une sorte de testament des années 2010 pour les générations futures.
Certes on pourra déceler des ratés dus à un manque d’expérience de ses auteurs, dont notamment un Jesse le plus souvent laissé au second plan et dont finalement on n’apprend pas grand chose, si ce n’est lors d’une altercation qu’elle l’a entretenu pendant qu’il tournait en rond, pas plus, pas moins, et l’on regrette donc que cet aspect n’ait pas été davantage creusé, surtout lorsque le métrage est jonché par instant de passages quelques peu répétitifs et là pour meubler le tout (les divers moments de déchéance de Celeste, notamment, qui tournent autour de la beuverie et de la fumette). Puis il y a le montage, trop conventionnel, mais heureusement contrebalancé par un lot d’acteurs investis, dont un Elijah Wood amusant en wannabe-gay-friend.
Celeste & Jesse Forever est donc un produit dans l’air du temps, qui appréhende le couple d’une façon nouvelle, non plus dans sa fondation, mais dans sa conclusion. Pas parfait, l’essai file à vive allure et nous aussi on se sent un peu mal à l’aise lorsque l’on doit quitter ce couple attachant. Communicatif, voilà ce que l’on pourra en dire, et c’est suffisamment rare actuellement au cinéma pour que l’on puisse se permettre de passer à côté d’un tel moment.
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