Le sommeil d'or
Cemetery of Splendour s’inscrit dans la prolongation de l’œuvre de Weerasethakul. Continuité thématique, on y parle encore de maladie, d’hôpitaux, de croyances religieuses, de confrontation...
Par
le 31 mai 2015
45 j'aime
15
Dans un élan de ferveur critique, certains ont qualifié "Cemetery of Splendour", le dernier opus du réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, d'expérience "envoûtante" et "hypnotique". Pourtant, en pénétrant dans l'univers soporifique de ce long métrage, on réalise rapidement que le qualificatif le plus approprié serait plutôt "chiant" ou "soporifique", tant cette œuvre se perd dans une contemplation dénuée de sens et de substance.
Dès les premières séquences, on est confronté à une déroute cinématographique qui laisse perplexe. Certes, "Cemetery of Splendour" aborde un sujet intrigant, des soldats de la junte militaire thaïlandaise plongés dans un mystérieux sommeil, mais l'approche du réalisateur échoue lamentablement à captiver l'attention du spectateur. La lenteur excessive du film, présentée comme une prétendue invitation à la méditation, s'avère être un prétexte creux pour masquer l'absence de fond et de consistence dans le récit.
Apichatpong Weerasethakul semble s'être épris d'une fascination pour l'ésotérisme, comme en témoignent les déesses, les réincarnations grotesques et les contacts avec les esprits, sans jamais parvenir à les intégrer de manière cohérente à l'histoire. Les séquences s'enchaînent sans lien logique ni indice permettant d'interpréter le propos, créant ainsi une cacophonie visuelle dépourvue de sens.
À l'écran, les personnages, bien que crédibles dans leur jeu naturaliste, semblent évoluer dans un état de mort cérébrale, état partagé malheureusement par le rythme du film. On se retrouve face à des plans larges et fixes qui s'étirent tels des rubans interminables, dépourvus du moindre frémissement. La caméra semble être devenue une entité statique, figée dans une contemplation oisive, refusant de saisir l'élan narratif ou d'offrir un regard dynamique sur le récit.
Le réalisateur semble avoir oublié que le cinéma est un art visuel et que les images doivent s'exprimer avec force et justesse. Hélas, "Cemetery of Splendour" se contente de poser sa caméra, de lancer l'enregistrement, puis de s'absenter pour revenir après un café bien mérité. Ce manque d'engagement et de maîtrise se reflète dans une mise en scène minimaliste qui semble éviter toute prise de risque artistique.
Les tentatives d'Apichatpong Weerasethakul de faire de ce film une réflexion sur la réalité retrouvant le sacré se perdent dans une obscurité artistique. La poésie tant recherchée se noie dans un océan de vide et d'ennui. On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine frustration en assistant à ce prétendu chef-d'œuvre, se demandant si les éloges de la critique ne relèvent pas davantage de l'admiration béate devant un cinéaste à l'approche singulière plutôt que d'une réelle appréciation du résultat final.
Les rares moments où l'on perçoit un éclair de potentiel, comme dans certaines scènes éclairées par des lumières changeantes ou des squelettes abandonnés sur un banc, se perdent dans le marasme d'une narration qui peine à se justifier. "Cemetery of Splendour" échoue dans sa tentative de réinventer la perception cinématographique, laissant le spectateur avec un sentiment d'incompréhension et d'indifférence.
En définitive, "Cemetery of Splendour" est une œuvre qui se noie dans sa propre prétention. Le réalisateur s'enfonce dans un onirisme artificiel sans parvenir à créer une œuvre authentiquement captivante. Les applaudissements fervents des aficionados ne sauraient masquer l'évidence : ce film n'est qu'une démonstration maladroite d'un cinéma dénué d'âme et de substance. Il est à se demander si, comme les personnages du film, le spectateur lui-même ne risque pas de sombrer dans un sommeil éternel en s'y aventurant.
Créée
le 28 juil. 2023
Critique lue 18 fois
D'autres avis sur Cemetery of Splendour
Cemetery of Splendour s’inscrit dans la prolongation de l’œuvre de Weerasethakul. Continuité thématique, on y parle encore de maladie, d’hôpitaux, de croyances religieuses, de confrontation...
Par
le 31 mai 2015
45 j'aime
15
Un vrai artiste abolit les frontières, s'affranchit des particularismes, jette des ponts entre les époques et les mentalités. /Copier/Apichatpong Weerasethakul /coller/ peut être considéré, à partir...
Par
le 12 févr. 2016
38 j'aime
33
C'était mon tout premier Joe en salles. Et tout ce que je peux dire, c'est que ça a été l'une des plus belles séances de ma vie. J'ai rarement été autant envoûté au cinéma. C'est ma première aussi...
Par
le 10 sept. 2015
24 j'aime
9
Du même critique
Histoire niaise d'une relation incestueuse qu'a eu Marguerite avec son demi-frère raconté d'une manière soporifique avec un style médiocre. Yourcenar fait honte à la littérature et au féminisme
Par
le 2 sept. 2024
Ce réalisateur n'a une nouvelle fois rien à raconter, y'a pas d'idées, pas d'enjeux, pas d'émotions suscités à part l'ennuie, ses personnages n'ont aucune profondeur, les interactions entre les...
Par
le 21 mars 2024
Les musiques sont horribles c'est du pur bruit pour empêcher le spectateur de se concentrer sur cette pseudo histoire. Toujours le même vomi auditifs dans les blockbusters ça gâche une scène sur...
Par
le 20 mars 2024