Le sommeil d'or
Cemetery of Splendour s’inscrit dans la prolongation de l’œuvre de Weerasethakul. Continuité thématique, on y parle encore de maladie, d’hôpitaux, de croyances religieuses, de confrontation...
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le 31 mai 2015
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Un vrai artiste abolit les frontières, s'affranchit des particularismes, jette des ponts entre les époques et les mentalités.
/Copier/Apichatpong Weerasethakul /coller/ peut être considéré, à partir de ce simple postulat, comme un immense artiste. Voyez comme en moins de trois films marquants, il est parvenu à faire se rejoindre Bangkok et Stockholm.
Mais oui: Stockholm. Son île de la Cité, sa vieille ville, son palais royal, son syndrome.
Comment expliquer la logorrhée néphrétique des admirateurs transis du film ? Comment interpréter autrement que par une rationalisation pathologique, digne du fameux syndrome, la justification poétique dont les victimes du tortionnaire thaïlandais affublent les deux heures de souffrance auxquelles ils viennent d'être soumis ?
Je vois que que certains d'entre vous ne semblent pas convaincus.
Voici donc quelques exemples précis, factuels, irréfutables.
(Ah, un mot sur le preneur d'otage, avant tout, car ce point est très important pour ce qui va suivre. Sachez que Apichatpong (vous permettez que je vous appelle "série d'animation pour enfant" ?) est un réalisateur adepte des 3E: espiègle, érudit et victime d'Épisodes hypomaniaques. Enfermer des spectateurs deux heures dans une salle et leur infliger les images d'un de ses films ne peut être autre chose que le fruit d'une pulsion sadique obsessionnelle)
Bien. Que lit-on quand on décortiques les principes du syndrome de Stockholm ?
1) le développement d'un sentiment de confiance, voire de sympathie des otages vis-à-vis de leurs ravisseurs.
La chose se produit assez tôt dans le film. On perçoit en effet la distorsion du discernement des spectateurs lors de leur tentative d'analyse de la scène de défécation. Il est évident que le moment doit être interprété. La séquence est à ce point gratuite et dissociée du reste que l'intellectualisation est obligatoire. Mais qu'est-ce qui peut pousser les otages de Weera (vous permettez que je vous appelle cochon femelle?) à y voir une allégorie (en forme de sur-interprétation) du lien entre l'homme et la nature, qui se nourrissent l'un de l'autre… alors que l'allusion est tellement plus simple, puisque le réalisateur nous chie tout simplement à la gueule ?
2) le développement d'un sentiment positif des ravisseurs à l'égard de leurs otages
Le propos d'Apitchatpong (vous permettez que je vous appelle tennis de table ?) est pourtant d'une simplicité métempsycotique: comment mieux hypnotiser son auditoire qu'en leur infligeant une histoire décousue de personnages atteints de troubles du sommeil ? Les soldats sont plongés dans une torpeur proche du coma. On rapporte que certains critiques n'ont pas retrouvé l'usage complet de la parole depuis la projection cannoise. D'autres s'exprimeraient à peine mieux que Schumacher un an après l'accident… pardon: la projection.
3) apparition d'une hostilité des victimes envers les forces de l'ordre
Dès qu'on fait remarquer que le coup du vieux cimetière (de rois) placé sous le lieu ou s'agitent les personnages curieux du film fait un peu éculé, au moins depuis Shining, surtout si on y ajoute des déesses mortes, des réincarnations bouffonnes ou des contacts avec les esprits un poil grotesques, les victimes du terroriste artistique s'exaspèrent. Ils se réfugient alors dans une argumentation décalée sur le thème de la fascination. Mais cette dernière, on le sait depuis près de 100 ans, ne peut subvenir qu'au prix de la présence d'au moins un des éléments suivants: qualité de la photo, musique envoûtante, science du montage, cadrage précis ou poésie ressentie et non appuyée. Bien évidemment, rien de tout ça n'est présent ici.
Il est donc plus que temps d'ouvrir un programme d'aide aux victimes, qui prennent Thakul (vous permettez que je vous appelle comme une pieuvre ?) pour l'ersatz d'un roi mort, sorte de gourou méphitique, qui puise l'énergie de ses spectateurs pendant une de ses séances de spiritisme.
Ne nous y trompons pas. Le réalisateur Thaïlandais (vous permettez que je ne vous appelle plus jamais ?) n'est pas un démiurge hors-sol planant au dessus de toutes choses. Son côté terre-à-terre est attesté. La preuve, quand Chapie (chapeau !) verse un thé ça coule.
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Créée
le 12 févr. 2016
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