Cendres et Diamant par Northevil
Formellement parfait, cette très belle (et déchirante) histoire balance parfaitement l'histoire d'amour émouvante et simple dans ce contexte très dur d'après-guerre où le combat est encore loin d'être fini. On observe une réflexion très intéressante sur l’appréhension de sa mission lorsque l’on tombe amoureux tout à fait fortuitement en attendant ses prochains ordres. Comment faire lorsque l’on a encore des choses à accomplir et que tout ce que l’on veut c’est s’enfuir avec sa bien-aimée, quel choix doit-on prendre lorsque deux situations si complexes se confrontent de manière si liée. Toute cette réflexion et ces questionnements sont parfaitement représentés par des discussions et conversations prenant une grande place dans le récit, aussi intéressantes par elle-même que dans le cadre de cette mise en scène classieuse si formidable de ce film.
Le noir et blanc extrêmement stylisé, associé à un jeu d’ombres et de lumières maitrisé à la perfection, sublime cette histoire et toutes ses vicissitudes en offrant des scènes parfaites comme les plans sur l’amoureuse dans le bar lorsque son amant s’en va vers la fin, ou encore lorsque celui-ci se retrouve sous l’escalier en attendant sa prochaine victime. Ces effets et ces scènes rappellent très joliment le film noir. Le plan final de la course dans le champ fait étrangement penser au style si passionnant de Tarkovski qui sortira son premier long métrage 4 ans plus tard, et la puissance de cette histoire d’amour rappelle ce joyau cinématographique qu’est Quand passent les cigognes, sorti la même année.
Le casting rassemble des jeux d’acteurs à fleur de peau qui rendent tous ces personnages vraiment sincères, dans cette histoire qui touche d’une manière très forte.
Le diamant de l’amour illumine les cendres de la guerre comme les cendres de la guerre salissent le diamant de l’amour.