A écouter en lisant, pourquoi pas, enfin c'est vous qui voyez.
"Il est une heure du matin, c'est dimanche et je me laisse tomber sur mon matelas mangé de mites, éreintée après une journée de travail titanesque au service de ma belle-mère, Lady Trémaine et de mes demi-sœurs, Javotte et Anastasie. Dans très exactement cinq heures, je me lèverai à nouveau pour nourrir la basse-cour avant de préparer le petit déjeuner de Mesdames. La vie n'est pas si dure après tout, mais je me sens bien seule.
Malgré tout, je ne suis pas si seule que cela, j'ai des amis : des petites souris et des moineaux mutants transgéniques bleus, que je recueille dans ma chambre de bonne, au 58ème étage du manoir familial, celui de mon père. Aujourd'hui j'ai l'occasion d'accomplir le rêve de chaque jeune femme bien comme il faut : trouver un mari qui me fera plein de beaux enfants, au bal organisé en l'honneur du prince. Avec toutes les taches ménagères, c'est ma seule raison d'être, après tout.
Mais ma famille en décide autrement, mes demi-sœurs et même ma belle-mère, d'ordinaire si douce, m'empêchent de sortir. Heureusement, Marraine la bonne fée apparaît, fait d'une citrouille un carrosse, d'un chien un valet de pied et de quatre souris quatre merveilleux chevaux. Je suis sous le charme de ma magnifique robe rayonnante qui me permet de tromper le prince d'illusion en lui faisant miroiter une fortune incommensurable ; nous tombons dès lors immédiatement amoureux. Malheureusement, le charme se rompt, et mes espoirs avec ; je retourne dans ma chambre, désespérée, et je replonge dans une noirceur que je ne me connaissais plus.
C'est alors que le lendemain, le duc revient, et comme j'ai gardé ma pantoufle de verre extrêmement fragile sur moi, sans la casser par miracle malgré la chute de mon carrosse et tout le reste, je peux marier le prince, puisque je suis la seule fille à marier du royaume à chausser du 33 virgule 455. Je commence enfin une vie heureuse, loin de tout problème, je vis longtemps et j'ai beaucoup, beaucoup d'enfants. Après tout ce qui m'est arrivé, je suis enfin heureuse et j'ai enfin une vie bien comme il faut, "qui baignait dans le romantisme et les traditions" ."
"- Heure du décès ?
- Une heure du matin, Docteur.
- Merci, disposez du corps.
- Docteur ?
- Oui ?
- Depuis combien de temps se droguait-elle ?
- Depuis sa plus tendre enfance, hélas. Mourir à 23 ans a été pour elle une délivrance, je vous l'assure. Ses délires n'avaient pas cessé depuis l'âge de 8 ans, à la date exacte de la mort de son père."