Après la mort de son père, Cendrillon se voit traitée comme une bonne par sa belle-mère et ses deux belles-sœurs. Un jour, le roi, désireux de voir son fils se marier, décide d’organiser un bal avec toutes les jeunes filles du royaume. Cendrillon voit là l’occasion de changer d’existence, mais c’est sans compter sur la méchanceté de sa belle-mère...
Sans nul doute, Cendrillon marque une étape capitale dans l’histoire des studios Disney. Dans leurs cartons depuis longtemps, cette adaptation fut mise au ban par la politique adoptée par les studios pendant la Seconde Guerre Mondiale, ne mettant au jour depuis 1942 que des compilations de courts-métrages, parfois sympathiques mais souvent décevantes, dues à la difficile situation financière dans laquelle ils se trouvaient. C’est après Le Crapaud et le maître d’école que Walt Disney décide que ses studios sont à nouveau capables de réaliser un véritable long-métrage, leur situation financière s’étant améliorée. Et c’est avec Cendrillon qu’ils se relancent, revenant sur le devant de la scène de la plus belle des manières.
Il y a du Blanche-Neige et les sept nains dans ce nouveau métrage, et Walt Disney lui-même ne s’y trompera pas, puisqu’il demandera sans cesse à ses animateurs de retravailler le film afin d’effacer toutes les ressemblances avec le premier long-métrage des studios. L’animation de Blanche-Neige reste sans doute au-dessus d’un Cendrillon où les limites budgétaires se font parfois encore sentir, mais ce dernier n’en est pas moins un retour aux grandes heures des studios Disney.
Jouant sur la parfaite alchimie entre la musique, signée des fidèles Oliver Wallace et Paul Smith, et l’animation, Cendrillon assume plus que jamais son aspect cartoonesque, au travers des mythiques séquences mettant en scène ou bien Anastasie et Javotte (hilarante leçon de chant) ou bien les animaux, particulièrement le conflit entre le chat et les souris, qui donne lieu à des scènes irrésistibles. Pourtant, et c’est là que le film rompt avec les compilations auxquelles il succède, Cendrillon n’oublie pas de raconter une histoire avant tout, et parvient à instaurer des enjeux aussi simples que forts, permettant d’impliquer les spectateurs de tous âges dans son récit.
Si, malgré l’influence omniprésente du romantisme allemand dans ses plans architecturaux (le château du roi et le manoir de l'héroïne), Cendrillon manque parfois d’une certaine ampleur, il ne manque en revanche jamais de magie, alliant avec bonheur le rire et les larmes selon la règle d’or de Walt Disney, une magie qui s’immisce dans les moindres détails, donnant à Cendrillon la même unité de ton que l’on trouvait dans les premiers grands classiques du studio. Le public ne s’y trompera d’ailleurs, pas, réservant un accueil royal à ce nouveau bijou des studios Disney, ouvrant ainsi la voie à ce qui allait être leur deuxième Âge d’or, et qui allait nous offrir les plus grands chefs-d’œuvre de Walt Disney.