On retrouve dans ce film toute la sève du récit Herzoguien avec trois personnages à l'image de ceux qui traverseront sa filmographie, taillés dans l'os, presque caricaturaux.
Trois visions différentes de l'obsession : l'une superficielle, mue par les motivations dévitalisantes et mortifères du capitalisme, la seconde empreinte d'une mélancolie poétique, d'une douleur sur laquelle il n'arrivera jamais à mettre le doigt, et la dernière possédée par une folie indiscible qui l'amènera à se brûler non pas les ailes mais tous les doigts d'une main.
Les clients du cinéaste retrouveront ces moments de vertiges où réel et fiction se confondent (une séquence d'escalade d'une paroi australienne m'a fait m'enfoncer dans mon canapé et je n'évoquerai même pas la scène finale, une des plus grandioses de sa carrière).
Un Herzog relativement mineur (mais en existe-t-il de mauvais ?) mais qui sait le mieux tailler dans son gras thématique au dépend peut être du naturel de certaines scènes (on voit dans ce film sûrement encore plus que dans les autres que la direction d'acteur n'est clairement pas ce qui le préoccupe).
Un bonbon pour les habitués (ou un menu best of pour rester dans cette analogie), une très bonne porte d'entrée pour les non initiés.