Je crois que c'est le premier Wilder que j'ai vu, enfant, grâce à la grand-mère d'une amie, qui nous montrait de vieux films avant de nous emmener au conservatoire.
J'imagine que c'est pour cela que cela reste mon préféré : je ris toujours d'aussi bon coeur au duo parfait Curtis/Lemmon ("hello, i'm Daphné ! ") et à leurs combines impossibles pour échapper au gangster Spats et s'assurer un avenir radieux.
Je suis toujours aussi fascinée par la sensualité naïve de Marilyn, son sourire d'enfant candide aux lèvres pleines, qui forme un contraste si troublant avec la volupté de son corps aux courbes divines, sa voix de chanteuse où le souffle s'emperle de sucre ou se brise d'émotion (sur le bouleversant "I'm through with love"), et toutes les micro-expressions qui sillonnent son visage et donnent une véritable épaisseur à son personnage, qui se fait alors bien plus que la ravissante idiote à laquelle on a voulu la limiter toute sa vie.
Je suis toujours aussi sensible aux dialogues enlevés, décalés ("i'm a man - well, nobody's perfect"), pétillants ("i tell you, it's a whole different sex !"), aux délicieux sous-entendus frippons ("wait for my surprise !") aux baisers embués entre Curtis&Monroe, entrecoupés par une scène de tango improbable où éclate tout le génie comique de Lemmon, à l'accent posh de Curtis et à ses explications impossibles ( Water polo? Isn't that terribly dangerous? - I'll say. I had two ponies drowned under me"), à la réunion des amateurs d'opéra italien et à l'enterrement orchestré par les pompes funèbres Mozzarella, à la bande-son joyeuse...
Bref, voilà une parfaite et joyeuse comédie romantique, laissant poindre un film de gangster se dédoublant en une pièce de théâtre burlesque où les faux-semblants se multiplient et ravissent. Encore !