Certains l'aiment chaud est à la comédie ce que le petit travailleur chinois surexploité est à la multinationale véreuse : une aubaine. Infatigable, toujours précis, ce film est un pur bijou de la comédie comme il n'en existe que trop peu à mon goût. La scène d'ouverture est à l'image du film : une course poursuite endiablée sur fond de prohibition et de mafia, une course poursuite qui ne s'arrêtera pas pendant deux heures haletantes et jouissives. Billy Wilder maîtrise sa partition de bout en bout : la photographie est soignée, la mise en scène est minutieuse, tout est parfaitement rythmé. Et si dès le début le duo Tony Curtis/Jack Lemmon fonctionne à merveille et fait rire, l'hilarité s'intensifie de minute en minute, lorsque les deux compères se déguisent en femmes et se retrouvent dans le wagon couchette au beau milieu d'une vingtaine de jeunes filles très peu vêtues dont une Marilyn Monroe resplendissante, sans parler des nombreux comiques de situation tous plus croustillants les uns que les autres. C'est une comédie fraîche, enlevée, jamais lourde, toujours bien pensée et au vitriol.
Et d'ailleurs, le vitriol éclabousse le conformisme guindé des années despotiques du code Hays : les tenues légères sont de mises, Marilyn est (dé)vêtue de robes toujours plus échancrées et transparentes, le travestissement poussé à son paroxysme :
Jack Lemmon termine le film en étant supposé épouser un septuagénaire millionnaire pas farouche quand même !!
Et je n'ai pas encore parlé des baisers langoureux que Marilyn donne à Tony Curtis qui ne sont plus des pieds-de-nez mais de véritables doigts d'honneur au code Hays et à la bien-pensance pédante et étriquée des années cinquante.
Ce film est enjoué, beau, drôle, juste et contrôlé, un immense chef-d'oeuvre de la comédie. Tout est parfait dans ce film, je ne lui trouve pas de défauts, il est critique sans être moralisateur, drôle sans être lourd, enjoué sans être niais, bref, c'est une excellentissime comédie.