C'est beau un film de Marcel Pagnol.
Pour le dernier volet de sa trilogie marseillaise, César, il passe enfin derrière la caméra au sein de la saga, ce qui ne créé par une rupture avec Marius et Fanny mais bien une continuité, et place son histoire quelques années après.
Dès les premières minutes, on comprend tout, les regrets, le temps qui passe, un amour brutalement coupé et un père prié de ne pas élever, et même reconnaître son fils. Dès ce début, on retrouve toute la force des deux précédents films, le sens de la tragi-comédie d'abord, puis l'art délicat des dialogues, de la justesse des mots.
Le sens de la tragi-comédie se retrouve ici, notamment dans quelques scènes assez symboliques, le fond est triste, d'abord un deuil, puis la recherche d'un père, et au cœur de tout ça, des moments drôles, très drôles même (Marius a la palme pour les séquences les plus drôles), qui sont pourtant fluides, qui ne donnent pas une impression de coupure mais bien de continuité. Les dialogues des "vieux" en sont un bel exemple, notamment lorsqu'il s'agit de rappeler de faire tirer des passants dans un chapeau avec un caillou en dessous, ou lorsqu'Escartefigue (incroyable Paul Dullac) parle du mensonge.
On ressent chez Pagnol tout l'amour et la passion qu'il a pour les petites gens et le sud de la France, sublimant les liens humains, et surtout familiaux, le cœur du film, n'hésitant pas à évoquer et mettre en scène des passages plus sombres, voire triste. Émouvant, César bénéficie d'une écriture et d'une théâtralité totalement maîtrisée, et sublimée par de formidables comédiens, de Raimu et Pierre Fresnay à Orane Demazis en passant par Robert Vattier. Ils n'ont pas toujours besoin de mots pour exprimer des sentiments, ils jouent avec les gestes ou les regards, ceux de Pierre Fresnay à chaque fois qu'il intervient, sont saisissants.
Le deuil dans la première partie est aussi une thématique maîtrisée par Pagnol, qui en parle avec simplicité, il n'hésite pas à faire durer ces scènes, pour notre plus grand bonheur. La partie enquête avec le petit Cesariot lui permet surtout d'évoquer des retrouvailles, et à travers la famille et les liens du sang. Toute la nature humaine est représentée, avec sincérité et prenant au fur et à mesure de la trilogie une ampleur romanesque et sublime.
Dernier film de la trilogie marseillaise, César permet à Marcel Pagnol de conclure une incroyable saga familiale, avec passion et tendresse, mettant une dose d'humanité et drôlerie au cœur de saisissant tableaux humains, avec un vrai sens du dialogue et de la tragi-comédie.