« L’art est la première forme de liberté. Parfois, l’art est la seule forme de liberté ». Tel est le pitch que lance la bande-annonce. C’est le vrai postulat de ce film des frères Taviani. Je crois qu’il n’y a pas mieux pour résumer cette œuvre cinématographique très singulière.
Ce long-métrage est exceptionnel, tant sur le sujet abordé que la façon dont il est traité. L’action prend place en Italie. On propose à différents criminels, tous condamnés et incarcérés, de participer à une pièce de théâtre. Ils doivent donc tous se préparer à jouer au sein d’une œuvre de Shakespeare : César doit mourir, racontant le sort tragique de l’empereur précipité par une conspiration sous-jacente. On s’attend à une peinture sociale de l’univers pénitentiaire, vu sous l’angle de l’ouverture artistique. Un truc sympa, mais un peu attendu et surtout facile. Seulement, les frères Taviani surprennent et vont beaucoup plus loin.
D’une part, le style visuel est magnifique : un beau noir et blanc comme on n’en fait plus de nos jours, alterné avec quelques séquences en couleur. Puis, on fait appel à un simple prétexte scénaristique, à savoir : la salle de théâtre est en travaux. Les comédiens improvisés sont donc tenus de répéter la pièce à l’intérieur même de la prison. Autrement dit, dans les cellules, à travers les couloirs, dans la cours, partout dans l’enceinte carcérale. La prison, toute la prison, devient le véritable décor de la pièce. Un procédé basique qui donne une grande force esthétique et scénographique au film.
Finalement, les réalisateurs n’auront pas besoin de s’attarder trop lourdement sur le quotidien des prisonniers. C’est d’ailleurs ce qu’ils cherchent à éviter. D’une part, parce que ce dernier est souvent intrinsèque aux images. Et d’autre part, parce qu’ils sont en quête d’une figure de rhétorique bien plus forte, bien plus poignante. Car c’est là toute la puissance de ce film : on est tellement plongé dans la pièce, ses répétitions, son intrigue et le jeu des incarcérés, qui semblent d’ailleurs habités par leurs personnages, que l’on en oublie simplement où l’on est : une prison.
« L’art est la première forme de liberté. Parfois, l’art est la seule forme de liberté ». CQFD.
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