Un Cléopâtre déroutant
Le plus des connu des films est bien sûr avec Liz Taylor, le plus notable peut-être aussi mais il y a aussi celui parmi la longue liste des films qui se sont inspirés de la vie de la Reine des...
le 21 mai 2017
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Le plus des connu des films est bien sûr avec Liz Taylor, le plus notable peut-être aussi mais il y a aussi celui parmi la longue liste des films qui se sont inspirés de la vie de la Reine des Reines. Celui-ci est le moins classique, dans ceux que l'âge d'or d'Hollywood a produit, tout du moins.
Pour une réaction a chaud, je dirais qu'il m'a donné pas mal d'hésitations et qu'il me déroute, même. C'est le traitement qui me déroute le plus; ce traitement qui choisit de prendre l'histoire sous un angle comique assumé, auquel j'ai du mal à me faire dans le sens où je vois toujours cette histoire comme shakespearienne, tragique (à l'Antique) et somptueuse par essence parce qu'il s'agit de la dernière Lagide. Cependant, j'aime bien aimé ce nouvel angle avec ce qu'il a peu avoir de déroutant mais c'est surtout parce qu'il propose autre chose sur un sujet qui pourrait paraître sinon très usé que je l'ai apprécié même si ça ne m'empêche pas d'aimer toujours autant la version canonique de cette histoire, si j'ose dire.
Au niveau du casting et des personnages, Claude Rains en César, je ne sais pas comment me positionner par rapport mais il n'est pas tellement inoubliable; Viven Leigh dans le rôle de la reine des reines, j'ai envie de dire que je bloque et ça ne vient pas de la qualité de son jeu qui est très bon (par contre, elle m'aura énormément plus marquée en Scarlett ou dans un tramway nommé désir qu'en Cléopâtre) mais plutôt de la façon dont elle joue son personnage, j'ai du mal à trouver la reine des reines justement (rien que son entrée en scène, elle est étrange et ne correspond en rien au genre de scène qu'on pourrait attendre pour son entrée. on a quand même la scène du tapis parce que je vois mal comment on pourrait l'enlever mais elle est totalement sorti du contexte qui devrait être le sien.) : après, j'ai aussi plus l'impression de voir une autre interprétation de Scarlett O'Hara mais dans un contexte différent de autant en emporte le vent mais ce n'est pas ce qui me gêne le plus. C'est le genre de rôle qui lui correspond...plus que pas mal. Par contre, ce qui m'a perturbé (et même si c'était dans l'intention du réalisateur) c'est que sur certaines scènes, elle donne l'impression d'avoir du mal à en imposer, ce qui est un peu problématique pour la reine de haute et de basse Egypte et fille d'Isis. (sur le coup, en essayant de ne pas être influencée par quoi que soit, je pense qu'il est facile que vous deveniez qui je préfère.). Dans la même idée, sa réaction devant l'incendie de Bibliothèque me laisse perplexe: c'est plus une non-réaction à vrai dire. elle est totalement indifférente devant l'incendie de "SA" bibliothèque et autant dire que j'ai du mal à y croire (d'ailleurs, le film occulte complétement sa facette d'intellectuelle et pas mal d'autres en fait, ce qui fait comme je le disais plus haut que j'ai du mal à retrouver la reine des reines dedans.)
Sinon, ils sont toujours autant pas passionnés par la guerre civile égyptienne et pour le coup, elle est presque zappée (je pense que j'aurais encore préférée un résumé) quoi qu'on a les passages où Achille - pas celui de l'Iliade - joue son petit rôle, là où il n'est que évoqué dans le film de Mankiewicz, or ce passage peut aussi être compter dans la guerre civile égyptienne. Après, je le trouve aussi intéressant parce qu'il prend le risque de donner un rôle un plus important à Apollodorus le Sicilien, qui n'est plus seulement l'esclave qui apporte Cléopâtre dans un tapis à César mais lui est entièrement dévoué (ce qu'on pouvait tout de même plus ou moins deviné dans le film de 1963). Son point fort, c'est aussi sa BO et ce qui est plaisant c'est qu'il concentre aussi l'action sur ce qui serait la première partie chez Mankiewicz mais c'est à double tranchant parce qu'a priori il donne envie de voir une hypothétique partie II avec Marc Antoine et qui est inexistante, malheureusement.
Le problème avec ce film c'est que j'ai besoin d'un temps d'adaptation pour me faire cette vision de l'histoire, en fait, et la deuxième moitié la donne mais peut être pas assez. je suis toujours un peu déboussolée avec cette vision mais, au final, je crois que me suis faite à ce traitement comique. par contre, je ne peux pas dire qu'il m'ait entièrement convaincue. Je suis toujours plus adepte de faire cette histoire dans le genre de ce que fera le péplum de Mankiewicz pour la raison donné au premier paragraphe de ce que je pense être l'essence de cette histoire. Il n'empêche que je trouve ce film intéressant, prenant aussi et de qualité, la subjectivité faisant le reste.
Bref, pour revenir à ce film, on a un beau moment de comique revendiqué contrairement au péplum de 1963 que je prends beaucoup en référence où si certains passages prêtent à rire, c'est plus du cocasse involontaire et ne faisant pas partie de l'essence même du film, changement de style qui ne se fait pas sans trahison mais que j'ai envie de laisser passer, pour une fois, parce que l'originalité de ce film me déroute certes mais elle me plaît en même temps. On a, tout de même, une scène en particulier que j'aime bien parce que l'on retrouve plus l'esprit de personnage classique de Cléopâtre dedans : quand Cléopâtre débarque devant César et reconnaît qu'elle a fait assassiner le chambellan de son frère Ptolémée XIII (lequel Ptolémée a d'ailleurs disparu de la circulation sans qu'on sache vraiment pourquoi mais la scène en profite quand même pour ne faire comprendre que Cléopâtre s'en est certainement débarrassé aussi), ce qui correspond déjà plus à la part d'ombre du personnage puis j'adore aussi cet air snob qu'adopte le personnage dans cette scène et d'autres et que Viven Leigh sait magnifiquement jouer.
Une des autres différences notables avec la version traditionnelle, c'est l'absence de l'entrée de la reine des reines à Rome et c'est dommage car j'aurais aimé voir ce que ce film un peu parodique en aurait fait. Du coup, l'action se concentre plus sur l'Egypte et ça ne me déplaît pas fondamentalement même si en soit, ça peut participer de l'aspect étrange de ce péplum, si on a une version plus classique pour ne pas dire canonique de l'histoire dans la tête. Pour ce qui est encore frappant, c'est le final beaucoup plus optimiste de ce film et, je ne sais pas si j'aime ce final...
avec un César encore parfaitement vivant, ce qui est logique dans la structure du film mais va totalement contre ce que l'on pourrait attendre (et ce qui aurait dû être en toute bonne logique et non pas en une logique particulière à ce film qui fait qu'on se demande si il s'agit bien d'un péplum sur la Cléopâtre VII qu'on connaît, par contre) et dont on pense qu'il va peut-être revenir en Egypte... et aussi avec un Marc Antoine qui a été absent pendant tout le film et dont on comprend que César va peut-être l'envoyer en Egypte. En fait, je ne sais pas si j'ai envie de dire que c'est du nawak ou si j'ai envie d'aimer ce final pour son originalité, malgré la trahison flagrante des faits historiques, de la doxa et de tout le reste que ça implique.
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le 21 mai 2017
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