Il n'y a pas d'âge pour grandir.
Duncan (Liam James) vit une adolescence difficile. Ses rapports avec son beau-père Trent (Steve Carell), n'arrange pas son état. Celui-ci passe son temps à vouloir imposer son autorité, en le diminuant psychologiquement. Sa mère Pam (Toni Colette) fait en sorte que tout le monde s'entende bien, quitte à ne pas s'opposer à son ami, par peur de le perdre. Une femme effacée et soumise, qui tente de reconstruire une famille, malgré les nombreuses différences entre eux. Face à ce climat oppressant, Duncan s'échappe en ville et fait la rencontre d'Owen (Sam Rockwell), l'administrateur de la station balnéaire. Owen est un adulescent, il a du mal à s'engager et désespère Caitlyn (Maya Rudolph), pourtant sous son charme, venant depuis trois ans bosser avec lui, en attendant plus de lui. Leur amitié, va permettre à chacun de mûrir et d'avancer dans leurs vies.
Cet été-là met du temps à se mettre en place. Il est difficile d'être en empathie envers un adolescent constamment voûté et muet, portant tout le malheur du monde sur ses frêles épaules. Liam James en fait un peu trop, tout comme Allison Janney, bien loin de ses compositions habituelles de femmes rigides en tailleur. Il faut attendre les apparitions de Sam Rockwell, pour sortir le film d'une certaine torpeur. Il faut dire que Steve Carell compose un personnage de sale con, arrogant, imbu de sa personne, qui rend l'ambiance lourde. Toni Colette se fait discrète, à l'image de son rôle. Zoe Levin est une adolescente hautaine et égoïste, persuadée d'être le centre du monde. On est plus dans le drame, que dans la comédie. Il faut surement en passer là, pour mieux apprécier l'évolution de Liam James. Il est le moteur de l'histoire, le film étant le reflet de son état d'esprit.
Les réalisateurs et scénaristes, Nat Faxon et Jim Rash, nous livrent avec "Cet été-là", un film à la trame classique, en s'inspirant des souvenirs du second. Le mal être d'un adolescent est un sujet récurrent, pour s'en détacher, il aborde le sujet père/fils. Liam James vit mal le divorce de ses parents, il ne voit pas son père et ne peut s'appuyer sur son beau-père pour grandir. C'est Sam Rockwell qui va devenir sa figure paternel, mais pas seulement. Liam James va apporter tout autant à cet homme qui a peur de s'engager. Ils vont se nourrir de chacun d'eux pour évoluer humainement. C'est cette relation, qui rend le film plus léger. Le parc aquatique est le refuge de Liam James, il le cache à sa mère et à leur entourage. Là-bas, il respire et oublie son mal-être au contact de Sam Rockwell, mais aussi de Nat Faxon et Jim Rash, qui se sont offerts deux rôles, en osmose avec leur physique. Bien évidemment, Liam James va vivre une amourette avec AnnaSophia Robb, la fille d'Allison Janney, mais pas comme on l'entend, le film évitant de peu, de sombrer dans la facilité.
Pour un premier film, le duo Nat Faxon et Jim Rash, s'en sort plutôt bien. La réalisation, n'est pas très enthousiasmante, mais on s'en accommode. Ils sont plus doués au scénario, ceci étant leur second, le précédent étant celui du drame réussi "The Descendants", dont ils reçurent l'oscar. C'est le casting qui est le vrai point fort. En réunissant Steve Carell et Toni Colette, le film lorgne du côté de l'excellent "Miss Little Sunshine". Les rôles sont différents mais ils restent impeccables. Mais celui qui emporte l'adhésion, c'est Sam Rockwell. Un rôle à sa mesure, qui lui permet d'étaler tout son talent. Liam James profitant de son aura, il perd de sa fadeur et devient intéressant, tout comme le film.
Cet été-là est une comédie dramatique, qui demande un peu de patience, pour être appréciée. Un sujet classique, un traitement qui semble l'être aussi. Mais au final, on a un film touchant et émouvant, qui parle de la difficulté de grandir, aussi bien du côté des adolescents, que de celui des adultes. Des familles recomposés et des répercussions d'un divorce sur les enfants. Il aurait mérité mieux qu'une sortie discrète dans nos salles de cinéma, une séance de rattrapage s'impose, vous ne le regrettez pas.