Bien qu’elle n’apporte rien de nouveau au thème archi rabattu du passage de l’enfance à l’âge adulte, cette chronique familiale douce-amère tire son épingle du jeu en proposant un regard frais sur la famille contemporaine.
Après s’être essayé à la comédie burlesque (Mais qui a tué Pamela Rose), romantique (Prête-moi ta main), familiale (La famille Bélier), le réalisateur Eric Lartigau s’essaye à la comédie d’éveil (ou coming-of-age) avec Cet été-là. Dans ce genre habituellement traité par le cinéma indépendant américain, on y raconte passage de l’enfance à l’âge adulte sur un ton doux-amer. Dune (Rose Pou Pellicer) a 11 ans. Elle retourne à la maison de vacances familiale avec ses parents lors de ses vacances d’été. Mais rien n’est plus comme avant, entre sa mère qui déprime (Marina Foïs), son père qui se voile la face (Gael Garcia Bernal) et Dune qui se détache de son enfance.
Il n’y a qu’à rechercher Cet été-là dans une base de données sur le cinéma pour constater que cette comédie n’est pas très originale : pas moins de trois films partagent le même titre et la même thématique. Cette adaptation d’un roman graphique américain transposé dans le cadre pittoresque du sud-ouest de la France reprend donc une schéma archi vu et traité au cinéma. Cependant, il y a bien un peu de fraîcheur dans la manière de présenter le modèle familial, avec un portrait qui s’éloigne de celui de la « famille traditionnelle » sans (trop) sombrer dans la vignette caricaturale. Il y a également l’utilisation paradoxalement maligne et balourde du symptôme de la perte de l’odorat. Maligne car elle fait directement aux séquelles du covid, participant à l’ancrage contemporain de cette chronique familiale, balourde car elle surligne le symptôme dépressif de la mère de Dune. Le film alterne donc les bonnes idées (comme l’utilisation habile du thème de l’eau pour faire écho aux liens maternels) et des artifices plus grossiers (comme un drame « accidentellement » filmé par Dune qui vient résoudre un des enjeux principaux nœuds dramatiques). Heureusement, l’excellente distribution, emmenée par une Marina Foïs inspirée qui donne de la justesse à son personnage qui aurait vite pu sombrer dans la caricature et permet de tirer Cet été-là un peu plus haut dans le panier bien saturé des films coming-of-age.