C'est un thème vu, revu, servi à toutes les sauces, parfois (mal) réchauffé. Et pourtant. Eric Lartigau nous présente là un récit d'une justesse incroyable sur une (parmi les très nombreuses) phases du passage à l'âge adulte. Loin d'en faire un fatalité, on oublie même au fil de l'histoire que la petite Dune est, comme elle le dit elle-même, "presque une ado". L'histoire est, certes, relativement contemplative (fans de films d'action, vous risquez d'être déçus) et pourtant, on ne s'ennuie pas car on suit tout de même un vrai fil conducteur (l'histoire de Margaux), dont la chute, contrairement à trop souvent dans ce genre de récit, n'est pour une fois pas prévisible.
Une histoire intelligente donc, avec un élément qu'on doit saluer : chaque spectateur se retrouvera dans un personnage, que ce soit la petite Dune ou sa copine Mathilde, Margaux ou Eliott, ou les parents. On s'identifie facilement aux personnages, qui incarnent différentes étapes de la vie.
J'insiste encore sur cette justesse, sur ces personnages qui sont tour à tour hilarants (Pepe sera mon animal spirituel d'ici une cinquantaine d'années), mais aussi en colère, égarés... en bref, vivants, crédibles. Les dialogues sont donc pensés avec finesse, n'en faisant pas trop pour nous émouvoir (on est là loin d'un mélodrame larmoyant) et parfois vraiment drôles, avec de sacrées masterclasses des plus jeunes et des moins jeunes.
Mention spéciale donc aux acteurs, surtout à celles qui incarnent Dune et Mathilde (Rose Pou-Pellicier et Juliette Havelange) qui réalisent à leur jeune âge une performance fantastique.
Il faut tout de même souligner deux petits points qui font justement perdre à ce film deux points sur dix : tout d'abord, on peut regretter que les personnages secondaires ne soient pas plus développés, notamment Louise mais surtout Margaux, dont on ne comprend pas forcément les réactions. En deuxième, je soulignerai la fin qui peut paraître un peu "bâclée" (sans spoil évidemment, mais la résolution est un peu facile) et qui nous laisse avec de nombreuses questions.
Cela reste donc pour moi un très bon film, qui présente un sujet déjà bien connu du cinéma, mais sous un angle qui nous ferait presque oublier qu'au cœur de tout ça, il y a la difficulté de grandir. Les couleurs et la BO nous enveloppent dans cet été au cœur des Landes, et on regrette presque que le film ne dure à peine plus d'une heure trente.