Ceuta, douce prison par K1000
Loïc Rechi et Jonathan Millet filment, caméra à l'épaule, l'errance de six hommes, six exilés en quête d'un bonheur qu'ils pensent atteindre en Europe, qui marchent le jour hors de la prison, dans la ville de Ceuta. En suivant Guy, JC, Iqbal, Nour, Marius et Simon, les deux réalisateurs donnent un contour humain à l'abstrait. Les "chiffres" deviennent ainsi des visages et des noms, des histoires douloureuses, des aventures périlleuses. L'absence de voix-off permet d'entendre la voix de ces héros ordinaires, de se glisser dans leur intimité sans être invasif. Ce qui peut dérouter, c'est la linéarité du documentaire, à l'image de la marche que ces hommes effectuent chaque jour durant. Souvent ils seront donc filmés de dos. L’œil du spectateur s'habituera à ce dispositif original.
Ceuta, "douce prison", c'est ainsi qu'ils l'appellent. Ceuta, entourée d'une mer azurine et surplombée d'un ciel éclatant, no man's land paradisiaque où la vie n'est que suspens. Un enfer. Ces hommes sont bloqués entre un passé douloureux, leur terre natale, et un avenir incertain, l'Europe ou leur retour au pays. A la fois loin de notre confort et si proches.
Eclairant.
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