Chacun chez soi creuse le sillon, déjà profond, du film inspiré des séries télévisuelles françaises et destiné à occuper la première partie de la programmation d’une chaîne publique un dimanche soir. Nous oscillons entre Scènes de ménage et En famille (au choix), sans jamais passer par la case cinéma ; aussi le comique applique-t-il les recettes formatées d’une cuisine fast food qui doit satisfaire le plus de spectateurs, en l’occurrence des familles trop peureuses pour franchir le seuil de Mandibules (Quentin Dupieux, 2021) et rassurées à l’idée de retrouver des figures bien connues du grand écran comme du petit.
Michèle Laroque n’aborde le comique qu’à la façon d’une joute verbale incessante, incapable de le penser en termes de gestuelle, de direction d’acteurs, de cadrage ou de montage ; ce faisant, elle accumule, entasse, remplit sa production narcissique de répliques prétendument bien senties et musclées, qui empruntent davantage aux discussions de comptoir après une soirée arrosée. Soit une collection de clichés embourgeoisés pour l’occasion et empaquetés dans un papier bon marché. « On ne touille jamais assez », entend-on au début ; voilà le film résumé par lui-même, une soupe sans saveur, adipeuse pourtant, que l’on remue sans cesse dans l’espoir d’obtenir une saveur inédite.