En dehors de la parenthèse "Roman de Gare" en 2007, ça fait bien longtemps que Lelouch ne prend plus de risques et ne fait du cinéma que pour ses fans. Ce qui donne un résultat très binaire. Les fans adorent. Les détracteurs détestent. On pourrait finir la critique maintenant car Chacun sa vie ne sort pas du lot et ressemble comme deux gouttes d'eau à Les Parisiens par exemple. Pour le meilleur et pour le pire.
Pour le meilleur car je continuerai toujours à le défendre. Chacun sa vie rassemble tout le cinéma français et tous sont parfaitement dirigés grâce à la fameuse méthode Lelouch : souffler le texte aux comédiens au dernier moment pour plus de naturel et de spontanéité. Certains duos sont très réussis. Eric Dupond-Moretti, dont le jeu est plus sobre que celui de Francis Huster, et Béatrice Dalle sont assez émouvants. Bigard est marrant en médecin optimiste raconteur de blagues dans la veine de celles qu'il raconte à la radio ou sur scène.
Pour le pire car casting hétéroclite oblige, certains ne font que passer comme Ramzy ou Mathilde Seigner et leurs histoires ne sont en plus pas les plus passionnantes. D'autres ne servent à rien comme Johnny Hallyday, le nouveau pote de Lelouch à qui ce dernier a demandé de pousser la chansonnette. Ce sont hélas les limites des films à sketchs.
Lelouch ne cède pas non plus à sa mode des aphorismes de comptoir. Autrement dit, à chacun de ses films, il faut qu'il nous gratifie lourdement de son avis sur les relations amoureuses, le divorce, la vie, la mort. Un festival de généralités pouvant devenir assez gênant dans la bouche de Marianne Denicourt ou Liane Foly.
Au final, cette histoire d'accusé, que des jurés doivent ou non condamner, ne prend que très peu de place et doit occuper dix minutes tout au plus dans le film. Un Lelouch avec ses qualités et ses faiblesses. Rien de bien neuf à l'est d'Eden. Touchant et profondément agaçant. Drôle et triste. Un peu comme la vie, quoi.