Claude Lelouch réalise une comédie chorale, dans la radieuse ville de Beaune où sa floppée de personnages a rendez-vous avec une affaire particulière. En attendant de savoir laquelle, Lelouch propose un récit éclaté en multiples et courtes scènes, le plus souvent fantaisistes, où ses thèmes favoris s'entrechoquent: l'amour et le désamour, le couple, la maladie, la mort...
Le film ménage des effets de surprises, à la façon habituelle du cinéaste. Et c'est, en définitive, sa seule qualité et la seule raison de suivre un sujet plombé par la maladresse ou l'insincérité, discrédité par une légèreté ou une gravité non pas touchées par la grâce mais, souvent, par le ridicule. La plupart des personnages sont grotesques ou sont placés dans des situations grotesques et irréalistes. Et si je dois donner un seul exemple, c'est celui des motards de la gendarmerie arrêtant dans les vignes Philippe Lellouche au volant de son bolide: c'est les Gendarmes de Saint-Tropez, la trivialité en plus...
Sur la forme, sur le fond, "Chacun sa vie" ressemble un peu trop à tout ce qu'à fait Lelouch au cinéma. Et parce que les dialogues sont généralement médiocres, parce que l'humour de Lelouch ne va pas jusqu'à lui inspirer le sens du (bon) gag, sa comédie amère est un condensé d'existences assez pompeux et vain.