Chair de poule par Alligator
oct 2009:
Le générique ne peut qu'être salué par des interjections admiratives : Duvivier (au scénario et à la réalisation), Barjavel (au scénario), les frères Hakim à la production, Delerue (à la musique) et De Lamothe (aux décors). Casting excitant. Je ne connaissais rien du film, j'ai donc découvert un scénario qui se rapproche étrangement d'Ossessione de Luchino Visconti et James Cain. Ici le vagabond est remplacé par un évadé de prison, Robert Hossein. Le propriétaire du resto-relais est joué par un formidable Georges Wilson, de loin le plus remarquable de la distribution. Sa femme, qui n'a qu'une idée en tête, se faire la malle avec les économies cachées de son mari, est interprétée par Catherine Rouvel, un peu juste à mon goût, manquant de nuances dans les changements de registre que son personnage faux et manipulateur lui fait prendre à plusieurs reprises. Robert Hossein ne m'a jamais impressionné jusqu'à maintenant, ni déplu d'ailleurs et cela n'est en rien changé après le visionnage. Il joue un personnage intègre, droit et néanmoins tenté par la chair, sensuelle, de la patronne. On est tout de même loin de la sexualité exarcerbée que Visconti avait su mettre en image. C'est bien plus le pognon qui mène le couple par le bout du nez.
Film noir à la française, il aborde également la thématique de la violence sourde puis éclatante des culs-terreux avec l'intrusion d'une rencontre "ok-corralienne" vers la fin du film. D'ailleurs, s'il y avait un reproche à faire au film, ce serait bien la gestion du rythme par l'écriture scénaristique. Il est un peu trop long et perd un peu trop de temps sur des personnages annexes. A ce propos, je ne connaissais Jean Sorel que de nom. Son physique et son jeu ordinaires n'ont pas éveillé ma curiosité malheureusement.
En somme, on se retrouve avec un film qui promettait mais n'atteint que difficilement ses objectifs. C'est bel et bien un film noir, à l'ironie profonde, teintée d'amertume, mais le casting ne fait pas d'étincelle et le film s'étire trop en longueur.