Allons-y gaiement pour un film ter-ri-ble-ment long qui donne tout ce qu'il a de gros sabots, de grosses ficelles, de grosse musique de film érotique, de gros plans en pagaille, de grosses gouttes de sueur, de gros sourires en coin de je-suis-un-beau-gosse-ténébreux-qui-a-un-coup-d'avance (alors que non), de sourcils froncés de je-suis-une-badass-qui-a-un-coup-d'avance (alors que non), de grosse esthétique de publicité pas inventive et de big dick energy qu'on agite partout. Sont-ce vraiment des raquettes qui valsent du début à la fin ? Ne sont-ce que des balles que l'on voit bondir ?
Les références et les imageries sont faciles, je sais. Je me mets simplement au niveau de ce que je viens de visionner, pardonnez-moi.
Allons-y pour un film ni transgressif, ni drôle, ni subtil, ni vraiment sexy, ni passionnant, ni bien écrit.
Ce qu'on tire de positif avec des films comme Elvis, La La Land, A Star Is Born et j'en passe [sauf Back to Black], pour ne citer qu'eux sans trop réfléchir, c'est le pourcentage d'écoutes sur les plateformes de streaming qui grimpe en flèche, l'émulation qui se crée... D'un coup, on a envie de chanter, de danser, d'en savoir plus sur l'artiste, de rêver sa propre vie en comédie musicale dont on aurait le premier rôle, de crier au monde notre mood en chansons !
Avec des films de boxe comme Rocky voire Creed, beaucoup ont envie de taper dans des trucs (pas sur des gens, canalisez-vous, s'il vous plaît) ou de filer à la salle de sport, prendre un abonnement annuel et une paire de gants de boxe professionnels... Tout ça pour ne jamais se pointer passé le jour 1.
Même avec des films comme Iron Claw, on se surprend à scroller indéfiniment afin de trouver le slip kitsch parfait assorti à une ceinture flashy de 12 kg sur Vinted. La perle rare qui viendra embellir notre éphémère ambition frêle et nouvelle.
Mais après Challengers, qui, dites-moi qui voudra se rendre sur un court de tennis ? J'attends. Quelqu'un ? Non. Pas grand monde, je vous le dis.
Bon, certes, je suis colère, mais en réalité, il y a quand même quelque chose à sauver : la dernière scène. D'abord parce qu'on arrive au bout d'un petit supplice de 2 heures 11 donc toute porte de sortie est bonne à prendre, mais aussi parce qu'après avoir survécu à ces fameuses deux heures de vide, cette scène de fin plus qu'espérée prend tout son sens. Et là, je le dis sans ironie aucune.
Je dois même dire qu'elle apporte un lot de tension inattendu.
Ce qui pèche, c'est que cette tension que je vous vends, on l'attendait depuis un long moment déjà, alors on en sort déçu malgré tout.
Mais bel effort quand même, on apprécie le geste.
Par contre, gros-gros-gros point noir sur cette réalisation à faire grincer des dentiers tout un Ehpad, le tout parsemé de flashbacks et flash-forwards tous plus artificiels les uns que les autres. Parti pris artistique ou pas, je l'ignore, je m'en fiche, même, c'était absolument insupportable.
Cette caméra qui gigote sans cesse comme un enfant hyperactif à qui on aurait donné trop de sucre au goûter, personne n'en avait besoin dans sa vie. Et le summum de la torture, c'est ce moment où on passe en mode jeu vidéo. Là, j'ai été pris d'un fou rire nerveux impossible à contrôler. Et quand, pour nous achever, on prend carrément la place de la balle de tennis, j'ai cru que jamais je n'allais m'en remettre. Jamais.
Challengers est en tout cas un film de mec (c'est pas un compliment) même s'il tente de nous faire croire que Zendaya mène la danse.
Rien ne nous retient vraiment, rien ne nous tient en haleine.
Les mâles alpha n'y trouveront pas leur compte, les féministes non plus, les amateurs de tennis n'auront rien à se mettre sous la dent, et les cinéphiles ? Paix à leur âme.
Peut-être que seuls les fans de Zendaya seront les moins lésés. Peut-être. Ou les dénicheurs de placements de produit à l'œil vif.
Challengers n'est donc pas une œuvre à recommander, même pour cette fameuse dernière scène que je vous ai teasée puisqu'il vous faudra traverser deux heures douloureuses pour en profiter réellement.
Mais ce n'est que mon humble avis. Libre à vous de vouloir gâcher votre espérance de vie comme bon vous semble.