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Trente-troisième adaptation cinématographique de l’oeuvre de Stephen King, Chambre 1408 fût un succès commercial aussi retentissant qu’inattendu, huit ans après La Ligne Verte de Franck Darabont. A l’époque, l’équipe de producteurs Lorenzo Di Bonaventura (la saga Transformers) et les frères Bob et Harvey Weinstein (les démarcheurs d’Oscars qu’on ne présente plus) s’associent avec la MGM pour monter cette adaptation issue du recueil Tout est Fatal sur la réputation d’or de Stephen King ainsi que sur deux têtes d’affiche populaires composées de John Cusack, avant que sa carrière ne tombe dans le déclin, et de Samuel L. Jackson, l’acteur noir le plus apprécié et représenté au cinéma avec Morgan Freeman et Denzel Washington. Combinaison parfaite donc puisque Chambre 1408 engrangea plus de 130 000 000 $ de recette dans le monde pour un budget initial de 25 000 000$ en dépit des critiques peu enthousiastes. A la réalisation, tout avait été prévu pour livrer un produit conforme et sans risque grâce au travail d’un Yes Man tout ce qu’il y a de plus convenable (comprendre : facilement malléable) en la personne de Mikael Håfström, cinéaste suédois qui sortait d’une première incursion dans le cinéma hollywoodien avec le correct mais dispensable Dérapage, avec Clive Owen et Jennifer Aniston.



Succès international en son temps, Chambre 1408 de Mikael Håfström est une adaptation convenue de l’oeuvre de Stephen King, efficace à quelques reprises mais vite oubliée.



Avec Chambre 1408, on retrouve certains des codes chers à Stephen King comme le fait que le personnage principal soit un écrivain solitaire -élément autobiographique si l’en est puisque le dit-personnage est réputé dans le domaine de l’épouvante- qui s’apprête à découvrir un monde fantastique et surnaturel, ou du moins une réalité distordue. Impossible donc de ne pas y voir la proximité avec les précédents personnages de l’oeuvre de Stephen King. Shining et Misery jouaient déjà dans cette catégorie mais Chambre 1408 en est la plus forte preuve tant les premières séquences montrent un auteur las des signatures publiques en librairies et des histoires à dormir debout, précisément une caractéristique autobiographique. Autre élément récurrent, chaque lieu du quotidien est dans l’oeuvre de Stephen King un décor de malédiction. Après les demeures, les voitures, les égouts (Ça), c’est ici la chambre d’un hôtel situé en plein New York (l’antithèse de Shining) qui s’avère être le terreau d’un Mal difficilement explicable. Mais plus que la maison, c’est la Raison du personnage principal qui est la véritable énigme de ce film tant il est difficile de savoir si l’on se trouve dans une réalité, un rêve, un souvenir ou un fantasme. L’esprit labyrinthique du protagoniste joué par John Cusack joue des tours au spectateur et laisse régulièrement entendre que tout ceci n’est pas aussi réel que ce que l’on veut croire. Et si toute l’étrangeté de cette chambre ne venait que de l’esprit torturé de son résident ? La question est posée et le film y répondra bien évidemment, ne laissant malheureusement pas au spectateur la possibilité de s’effrayer par sa propre imagination. C’est là l’un des défauts de Chambre 1408 puisque celui-ci ne fait que prendre le spectateur par la main, l’empêchant d’explorer ce monde et les angoisses qui le composent.


Ce qui manque nettement à Chambre 1408, c’est la patte d’un véritable cinéaste. De ceux capables d’instaurer un malaise avec la seule force d’une ambiance oppressante comme l’ont su prouver par le passé John Carpenter (Christine, 1983), Rob Reiner (Misery, 1990) ou Bryan Singer (Un élève doué, 1998). Mikael Håfström fait preuve de paresse et se contente d’enchaîner les effets d’effroi symptomatiques d’un cinéma d’épouvante démodés depuis bien longtemps (les fameux jump-scares). Curieusement, cette stratégie prend forme à quelques reprises et donne au long métrage des allures de train fantôme, efficace mais qui s’oubliera rapidement. John Cusack est seul à porter le film sur ses épaules (Samuel L. Jackson s’amusant à n’apparaître qu’au début et à la fin) et il y parvient grâce au strict minimum de sa performance (loin de la remarquable prestation délivrée dans Dans la peau de John Malkovitch). Stephen King citera néanmoins Chambre 1408 comme l’une des dix adaptations cinématographiques les plus réussies de son œuvre dans son livre Stephen King Goes to the Movies. Sans doute parce qu’elle reste la plus fidèle à son œuvre (et la plus rentable), mais sans aucune audace de la part de Mikael Håfström pour transcender ce matériau littéraire intéressant mais cinématographiquement vain.


Critique sur CSM, dans le cadre de la rétrospective Stephen King.

Softon
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le 22 janv. 2017

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Kévin List

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