Chambre 212, de Christophe Honoré, est un bel exercice de style qui permet à ses acteurs d'explorer avec finesse et délicatesse le ressort fragile du couple lorsqu'il se retrouve confronté à l'usure du temps. Maintes fois exploré au cinéma la particularité de ce film est qu'il se ballade dans un espace indéterminé qui fait revivre à ce couple des choix et des trajectoires antérieurs littéralement incarnés par des doubles d'eux même à la lueur de leurs jeunes années. Ce dédoublement et la multiplication des personnages gravitant ou ayant gravité autour permet de mesurer l'impact des aléas et des rencontres qui forgent le sel des relations que nous sommes amenés à tisser tout au long d'une vie: joie du partage, consolidation de l'estime de soi, regret des occasions que nous laissons passer, amertume des sentiments qui se font et se delitent au fur et à mesure de notre expérience et des besoins qui se réinventent constamment, imperfections des corps qui renvoient au hiatus de l'injonction sociale à lhygienisme et au conformisme intellectuel, ainsi que d'autres perceptions de cet ordre. Le cadre très resserré d'un hôtel particulier ou l'action se déroule essentiellement confère un esprit assez théâtral au projet, ou chacun entre et sort par des portes dérobées pour mieux fuir un destin qu'il pressent douloureux. C'est le charme d'un dispositif qui permet de renouveler le genre du vaudeville par des trouvailles visuelles assez enchenteresses, grâce également à une sourde mélancolie dont Chiara Mastroiani et Benjamin Biolay sont les bels émetteurs en même temps que les réceptacles d'une peur qui ne dit pas son nom. C'est malheureusement aussi sa limite, dont on finit rapidement par se lasser lorsque la mécanique tend à répéter un dispositif qui ne sait plus vraiment quoi dire une fois son assimilation comprise. On garde au final de la tendresse pour cette proposition dont les atouts maîtres restent les comédiens et l'habileté habituelle de Honoré à questionner les conventions sociales, au dela du seul aspect amoureux