Avec sa structure on ne peut que penser qu'Honoré joue à se prendre pour Bertrand Blier. S'il en a saisi certains éléments de construction qu'il met d'ailleurs bien en application, Honoré n'a pas la verve de Blier. Le langage de ses personnages est bien trop soutenu. Ce voyage dans le passé des protagonistes est une fabuleuse idée, seulement Honoré ne sait pas rendre le tout suffisamment absurde. Les situations ne manquent pourtant pas d'être loufoque, mais ça ne prend pas. On sent l'envie du réalisateur de faire comme. Et les allusions au cinéma de Blier sont présentes à plusieurs reprises, puisque pendant le film on évoque Michel Serrault et on retrouve même Carole Bouquet. Mais ce n'est pas en prenant des marques chez les autres que l'on arrive à capter le style d'un réalisateur. Ce voyage dans la vie sentimentale d'un couple en pleine crise amoureuse possède une certaine originalité. Seulement Honoré n'arrive jamais à faire fonctionner son récit. Si Biolay et Mastroiani on été ensemble dans la vie, on ne ressent rien entre les deux. Il faut dire que le jeu de Biolay est franchement limité, il joue terriblement mal le bougre. Biolay dans la vie a eu de nombreuses conquêtes, ici c'est l'inverse que lui donne à interpréter Honoré. Il incarne un homme dont la femme le trompe avec tous les hommes qui lui plaisent. Cette inversion des rôles est censée amuser? Ça amuse peut-être l’entourage de Biolay, pour les autres pas sûrs qu'ils se sentent concernés. L'humour que tente d'insuffler Honoré dans son film fait rarement mouche, il est plus raté qu'il n'amuse. Si le ton de la bande-annonce n'était pas dénué d'une touche de drôlerie, on ne la retrouve jamais dans le film. Quand on s’appuie sur l'humour il faut savoir sortir des sentiers battus et surtout savoir surprendre le spectateur. Honoré est à des kilomètres de savoir mettre en œuvre ce à quoi il aspire. Le final est ce qu'il y a de plus raté dans chambre 212.