La rigidité britannique s’est paradoxalement toujours bien prêtée aux saveurs de la comédie. James Ivory grâce au talent littéraire de Forster qui deviendra sa principale source d’inspiration, nous livre une partition délicieuse sur les affres sentimentales de la haute société.
Soit un milieu guindé, anglais jusqu’à la petite cuillère, où cohabitent les générations, entre perpétuation du code et fulgurance sentimentales venues tambouriner à ses portes.
De Florence à la campagne anglaise, tout n’est que jeu. Avec les conventions, avec l’autre, et c’est bien le masque qui donne tout son piquant aux tumultes étouffés des passions. Ironie, mensonge, mesquineries, médisance, tous se défoulent sans que rien ne dépasse, et surgissent de temps à autre baisers fougueux, abbé nu dans les mares forestières, marche exaltée sous pluie ou rupture fracassante. Ces petites récompenses ont d’autant plus de prix qu’elles sont cathartiques et soulagent autant le spectateur que les personnages engoncés dans une société mortifère.
Portée par des comédiens aussi malicieux que doués de tact, la comédie se déguste comme un thé : elle ne procurera certes pas l’ivresse, mais réchauffe et sait déployer des arômes singuliers qui, les soirs d’hiver, caressent le palais avec douceur.