Une bande d'amis de longue date se retrouve pour un week-end dans une propriété champenoise,l'occasion de se balancer à la gueule les vérités pas bonnes à dire."Champagne!" s'inscrit dans le genre très prisé du cinéma français qu'est le "film de bande de copains".Beaucoup de cinéastes s'y sont essayé avec des fortunes diverses,de "Mes meilleurs copains" à "Connectés",en passant par "Le coeur des hommes","Les petits mouchoirs","Entre amis","Barbecue","Chamboultout" et pas mal d'autres.Ici on est dans la moyenne très basse tant le film s'épuise à maladroitement singer ses prédécesseurs.Tout ça pue l'absence d'inspiration et l'opportunisme,et on sent dès les premières scènes que ça va pas le faire.La musique est à chier,les gimmicks de mise en scène agaçants,et tout sonne désespérément faux.Les personnages n'ont ni originalité ni profondeur,on n'y croit pas un seul instant,pas plus qu'à leurs rapports amicaux.Pour que ce type de sujet fonctionne,il faut un minimum d'authenticité dans les situations,de travail dans l'écriture,d'empathie pour les protagonistes et surtout d'efficacité humoristique dans les dialogues.Pas la moindre trace de tout ceci dans "Champagne!",punition audiovisuelle de grande envergure.On suit donc d'un oeil blasé les évolutions lamentables d'une équipe de connards de bobos donneurs de leçons,qui se distinguent essentiellement par leur stupidité et leur malveillance,au point qu'on se demande pourquoi ils ne se barrent pas directement de ce bourbier pour rentrer chez eux au lieu se laisser pourrir par les autres.Mais c'est vrai que s'ils faisaient ça il n'y aurait plus de film,ce qui d'ailleurs serait une bonne chose.C'est réalisé par Nicolas Vanier.Mais si,vous savez,"l'aventurier du Grand Nord".Tant qu'il se contentait de shooter ses raids dans la neige ça pouvait aller,c'était le pendant nordique des Antoine ou Poupon-Danon qui nous soulent avec leurs croisières exotiques.Mais le gars a fini par se prendre pour un vrai cinéaste et a entrepris de donner dans la fiction,pour notre plus grand malheur.Il cosigne adaptation et dialogues du film,mais le véritable auteur de cette conserve avariée est un certain Xavier Nemo qui outre ses postes d'adaptateur et dialoguiste est également producteur et scénariste.Avec Nemo c'est "Vingt mille lieues sous les vignes",car le lieu géographique est important dans ce genre d'oeuvre.Pas question ici du Bordelais,des Cévennes,de la Bretagne ou de la région parisienne,on met à l'honneur,une fois n'est pas coutume,la Champagne.Non qu'on soit tombé amoureux des paysages locaux,c'est juste que la région Grand Est a trouvé là une bonne occasion de gaspiller l'argent de ses contribuables en participant au financement de ce chef-d'oeuvre.Alors voilà,on s'engueule,on se dénigre,on se réconcilie au fil de séquences consternantes de nullité.On se croirait dans un de ces feuilletons claqués où l'intrigue progresse systématiquement par la grâce du truc de "la personne qu'il faut pas surprend une conversation où on la débine grave".C'est ainsi que chacun découvre ce que les autres pensent vraiment,ce qui n'empêche pas qu'au final on s'aime très fort et qu'on reste unis et solidaires.Toute personne normalement constituée balancerait un parpaing dans la tronche de tels "amis",mais là non,on est chez les mal-disants mais bien-pensants,et la violence on la jette,non mais!Le festival de caricatures comprend le râleur invétéré qui se sent supérieur à ses potes et juge constamment tout le monde du haut de son magistère,flanqué de son épouse excédée par son comportement et qui n'hésite pas à le recadrer brutalement.Il y a le vieux beau qui enchaîne les relations ratées et se pointe avec une jeunette complètement idiote que le groupe rejette radicalement.Est aussi présent le bon gros trop mou qui se laisse marcher dessus par ses potes,accompagné de sa femme qui croit posséder un talent artistique.Et puis l'inévitable couple homo,en l'occurrence deux lesbiennes vigneronnes,et pour finir la laissée pour compte que son mec vient de larguer.En périphérie il y a le père d'une des gouines qui veut refaire sa vie avec la meilleure amie de sa défunte femme.Tous ces braves gens se torchent au champ entre deux écharpages en règle,c'est le moment ou jamais.Les acteurs,dont la plupart sont pourtant bons d'habitude,sont complètement à la rue.Certains d'entre eux ont déjà émargé dans ce style de film,comme Eric Elmosnino,qui était dans "Le coeur des hommes 3",François Berléand vu dans "Entre amis" ou François-Xavier Demaison et Stéphane de Groodt,déjà partenaires dans "Connectés".Sinon il y a Elsa Zylberstein et Stéfi Celma,qui n'ont absolument pas l'air de lesbiennes,et encore moins d'agricultrices,une Sylvie Testud à la dérive,une Marie-Julie Baup transparente,ou encore Valérie Karsenti et Claire Chust échappées de la série "Scènes de ménages".Petits rôles pour l'inusable André Penvern ou les très furtifs Arièle Semenoff et Philippe Chevallier.Note et critique de film de Nicolas Vanier publiées précédemment:"Belle et Sébastien"-5.Moyenne:3.