C’est un film qui m’a bluffée ! Je ne pensais pas tomber sur un film indien traitant de manière aussi frontale de la transidentité, sujet épineux dans la culture indienne. L’Inde a en effet créé une caste spéciale pour les personnes transgenres, les eunuques et les personnes inter sexes : les hijras qui vivent souvent en communauté. Mais ce film met en scène Maanvi, une fille transgenre qui a subi une chirurgie de changement de sexe, ce qui est rare en Inde, et qui est pleinement insérée dans la société, même si c’est avec beaucoup de difficultés.
Les films indiens n’ayant pas pour habitude de faire dans la nuance, Maanvi est forcément une fille super sexy ! Et Manu, le garçon qui tombe amoureux d’elle est forcément le type parfait du « mâle », un bodybuildeur hyper musclé et beau gosse ! Bien sûr leur romance, qui commençait d’une manière tout à fait banale, est perturbée quand Manu découvre que Maanvi est une fille transgenre. Le film déploie alors tout un panel de réactions classiques dans ce type de situation : incrédulité, colère, rejet.
Je trouve le personnage de Manu particulièrement touchant. On peut comprendre qu’il soit un peu choqué … Mais c’est un homme ouvert. Il vit dans une famille un peu cabossée et surtout très envahissante. Il se bat pour faire vivre son club de gym qui n'est pas rentable. C’est aussi un homme blessé qui a connu beaucoup de difficultés dans sa vie et qui se bat pour être un champion de bodybuilding et pouvoir relever la tête. C’est certainement ce parcours de vie laborieux qui l’aide à évoluer dans le regard qu’il pose sur Maanvi. Après l’avoir violemment rejetée et s’être posé toutes sortes de questions : « j’ai fait l’amour avec un homme ?!! », il réfléchit, se renseigne, prend conseil, fait des recherches. Et je trouve cette attitude magnifique !
Quant à Maanvi, c’est une fille superbe, qui s’assume pleinement mais qui traîne la tristesse d’être rejetée des autres et d’une partie de sa famille.
Comme c’est bien souvent le cas dans les films indiens, l’humour est aussi au rendez-vous, apportant une touche de légèreté au film. Il apparaît dans les répliques, avec les personnages des deux « acolytes » de Manu, sorte de « Dupont et Dupond » ou dans certaines scènes comme celle où Manu, le gros dur, transforme en tragédie une blessure somme toute mineure.
Sorti en décembre 2021, Chandigarh Kare Aashiqui est disponible, entre autres, sur Netflix. Il mérite d’être connu pour son sujet traité avec beaucoup d’humanité et sans manichéisme.
Pour découvrir d'autres films indiens voir ma liste: https://www.senscritique.com/top/Les_meilleurs_films_indiens/3137087