Avec « Changements d’adresse », Emmanuel Mouret réinvente l’adjectif joli. Avec tout ce qu’il sous-entend de plaisir, mais également de désuétude. Avec ce « Quand Harry rencontre Sally » version française et fauchée, on frôle constamment la comédie de genre intimiste qui fit jadis la gloire du cinéma français dans les années 70. Mais on ne fait que frôler. L’accumulation d’imperfections, à la limite du cinéma amateur, vient plomber cette ambition.
Les causes principales viennent de la mise en scène trop linéaire et sans invention, des dialogues insipides et d’un casting inégal. Fanny Valette ne joue pas une discrète, elle est carrément absente et Dany Brillant trébuche à chaque réplique, manquant d’assurance et donc de crédibilité.
Néanmoins, un certain charme opère tout de même. Il découle de la relation entre David, joué par Mouret lui-même et Frédérique Bel, la blonde de Canal qui se révèle enfin. A eux deux ils préservent du naufrage ce film un peu vieillot en nous offrant un florilège de scènes savoureuses et de beaux éclats de rire.
Malgré ses défauts avérés « Changements d’adresse » n’est pas raté. On y sent trop l’implication d’Emmanuel Mouret, personnage lunaire au demeurant sympathique. Il l’a conçu à son image, toute en réserve, en naïveté et en sincérité. Un joli film donc.