Adapté d’un livre ayant reçu le prix Goncourt et lui-même inspiré d’un fait divers ayant défrayé la chronique il y a quelques années à New York, « Chanson douce » était prometteur. Notamment avec la toujours impeccable Karin Viard dans le rôle-titre. Mais le long-métrage de Lucie Berloteau échoue la plupart du temps à retranscrire la tension nécessaire à un tel sujet et même à nous captiver tout simplement. Pourtant lors de la mise en place, tout concourt à faire du long-métrage un film réussi : on comprend la nécessité pour la famille d’avoir recours à une nourrice, le choix de celle-ci est montré de manière pertinente et Karin Viard semble effectivement en tous points parfaite pour incarner cette nurse à l’apparence parfaite mais qui va sombrer dans une folie meurtrière.
Au bout d’un moment cependant, on commence quelque peu à trouver le long-métrage un peu plat et répétitif. On pourra même dire un peu longuet. Toutefois on ne peut pas clairement dire que l’on s’ennuie non plus. Berloteau fait le choix de se concentrer presque uniquement sur des scènes de la vie de tous les jours au sein de l’appartement familial avec quelques rares sorties au parc ou au logement de la nourrice. On assiste donc à pléthore de séquences de ce qu’est le métier d’une nourrice. C’est parfois redondant et facultatif. Et si les traits de comportement anormaux ou les signes avant-coureurs de l’esprit malade de cette femme viennent par petites touches, ils n’impactent pas assez notre esprit de spectateur. On a même du mal à cerner la psychologie de cette nourrice (la scène des poulpes par exemple est audacieuse mais reste sibylline). Le virage à la folie final s’en retrouve donc précipité. Et comme on sait déjà l’issue du film, tout cela s’avère prévisible.
Même la composition de la formidable Karin Viard l’est également un peu. On lui préfèrera Leïla Bekhti, parfaite en maman débordée. Conséquemment, une telle histoire demandait un tant soit peu de suspense, que l’on s’inquiète voire que l’on frissonne avant cette inéluctable conclusion. Celle-ci est montrée avec une économie d’effets qui a le bon goût de ne pas verser dans la violence trop démonstrative pas plus que d’éluder totalement le carnage. En revanche, on aurait aimé voir l’après, la réaction des parents et ce qu’il advient de cette histoire au niveau judiciaire. La fin est trop abrupte et on en sort frustré. Mais, surtout, « Chanson douce » aurait peut-être été plus percutant et réussi s’il avait été traité sous le prisme du thriller et non celui du drame. Ou avec un peu plus de frissons. Pas qu’on eut préféré « La Main sur le berceau » version française mais, dans le même veine, cela aurait sans doute accouché d’un film moins plat et prévisible.
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